« Une nuit de pleine lune » est un ouvrage paru en septembre dernier chez Glénat. D'un format classique, il se compose d'une grosse cinquantaine de pages et est vendu pour un petit moins que quatorze euros. La couverture nous plonge dans une nuit juste éclairée par les étoiles. On y découvre un homme en train de courir comme un dératé. Il semble en train de fuir une maison isolée ou en tout cas ce qui s'y trouve. Les tons bleus et noirs retranscrivent parfaitement cette atmosphère nocturne. Cette illustration est en adéquation complète avec le titre. Les auteurs de cet ouvrage sont Yves H. pour le scénario et Hermann pour le dessin. Je connais vaguement le second pour avoir feuilleter un ou deux opus de Les tours de Bois Maury. Son identité graphique est, à mes yeux, assez marquée.

Le résumé proposé sur la quatrième de couverture est le suivant : « Par une nuit de pleine lune, une bande de jeunes désœuvrés pénètre dans une maison isolée pour braquer le coffre. Incapables de l'ouvrir, ils s'en prennent aux propriétaires, un couple de retraités, dans le but de leur faire cracher le code. N'importe qui finirait par céder par peur d'un mauvais coup. Mais le vieux Boisseau n'est pas n'importe qui ! C'est glaçant comme la nuit. Noir comme la vengeance. Troublant comme ces instants où les ombres deviennent assassines. Lors des nuits de pleine lune, parfois, les chats se transforment en tigres... »

Le programme apparaissait attrayant. On imaginait aisément ce groupe de personnes entrer dans cette maison pour accomplir un méfait sans danger. Mais leur rêve de fortune allait devenir un véritable cauchemar de manière imprévisible et finalement inéluctable. Beaucoup de films mettent en scène des scénarii proches de celui-là. L'objectif principal de ce type d'histoire est d'impliquer le lecteur dans le destin des personnages au point de ressentir les émotions intenses des événements qui se déroulent. La peur et l'angoisse sont a priori davantage attendues dans ce type d'ouvrage que le rire ou la joie.

Ce type de trame début toujours par une phase calme de mise en place. Il s'agit quelque part du calme avant la tempête. Dans cet ouvrage, elle occupe une quinzaine de pages. On découvre le groupe de cinq jeunes concernés par le cambriolage. On les voit pénétrer dans la maison en profitant de l'absence des deux propriétaires. Tout apparait simple. Les indications sont claires et précises. En deux temps trois mouvements, ils se trouvent devant le coffre tant convoité. Mais le premier accroc arrive. Le coffre a été changé. Il est électronique et le spécialiste n'arrivera pas à le forcer. Ils décident donc d'attendre le retour du couple et de leur faire cracher le code. Mais quand un des voleurs met la main sur un révolver, on a tendance à croire que tout ne pas se passer de manière si prévisible...

Lorsque la nuit tombe, l'ambiance change. La tension augmente et on se doute que la moindre étincelle peut provoquer un grand incendie. C'est évidemment ce qui arrive et cette période durant laquelle tout part « en vrille » est habilement construite par les auteurs. Elle apparait crédible et monte en intensité très rapidement. On se sent emprisonné dans cette maison ténébreuse au milieu de nulle part. Il parait irrémédiable que le destin des protagonistes se rapprochent du « vaincre ou mourir ». Néanmoins, je trouve que cette atmosphère oppressante ne dure pas tant que cela. Elle se dilue quelque peu. L'auteur n'arrive pas générer une angoisse sur la durée. Peut-être est-ce du fait qu'il y a trop de personnages pour finalement trente pages de « Hunger Games » dans la maison. Cela fait que l'histoire se construit par un enchainement régulier de règlement de compte. Cette absence de variation de rythme nous sort un petit peu de l'intrigue. On se sent moins acteur. La richesse de ce type de scénario réside dans l'alternance entre temps de calme et montée d'adrénaline. C'est cette amplitude émotionnelle qui doit habiter le lecteur. Ce n'est pas ce que j'ai ressenti. L'intensité ne fluctue pas une fois que les événements ont décidé de ne pas se passer comme prévu. C'est dommage car le scénariste avait réussi la montée en puissance qui nous menait à ce moment-là.

Comme je le disais en introduction, le trait d'Hermann est assez caractéristique. Il ne laisse pas indifférent. Personnellement, je ne suis pas un grand fan de sa manière de dessiner ses personnages. Je trouve que leurs visages sont surchargés. Peut-être suis-je plus sensible à style plus épuré ? Néanmoins, malgré ce bémol ressenti personnellement, cela n'empêche pas le dessinateur de nous présenter des protagonistes très expressifs. C'est d'ailleurs important du fait de la nature de l'intrigue. On voit de la colère, de la peur, de la confiance, de l'angoisse, de la terreur, du plaisir... Tout cela est intense et bien mis en valeur par les illustrations. L'autre aspect positif est l'atmosphère générée par les dessins. Toute la partie de l'histoire qui se déroule dans la maison est remarquable sur le plan graphique. Ce sentiment d'oppression et de vase clos est bien transcrit. D'ailleurs, le travail sur les couleurs de Sébastien Gérard participe à cette réussite.

En conclusion, cet album m'a laissé une impression mitigée. J'ai trouvé la première moitié très réussie. On rentre avec passion dans l'histoire. On prend plaisir à se demander où tout cela nous mène. Et finalement quand les choses sérieuses commencent, le rythme devient plus rigoureux et cette absence de « saccades » crée une routine dommageable. C'est un petit frustrant tant « Une nuit de pleine lune » possédait les qualités et les atouts pour nous offrir une lecture enthousiasmante. Malgré tout, cela reste un ouvrage de qualité sur un thème que j'ai peu eu l'occasion de découvrir en bandes dessinées. Et ce n'est déjà pas si mal...
Eric17
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le 20 avr. 2012

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Eric17

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