Ce tome fait suite à L'histoire de Tomoe (épisodes 90 à 93, + Color Special 2 & 3). Il contient les épisodes 95 à 99, 101 & 102, initialement parus en 2006/2007, tous écrits, dessinés et encrés par Stan Sakai qui réalise également le lettrage. Cette série est en noir & blanc. Il bénéficie d'une introduction d'une page écrite par Brian K. Vaughan.
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- Shizukiri - Un vieil homme claudiquant et son fils qui le soutient s'installent sur un pont dans une ville pour mendier. 2 nobles passent et l'un d'eux essaye l'épée qu'il vient d'acheter pour son fils Akimitsu sur le fils du mendiant, sans y attacher beaucoup d'importance. Le père mendiant se rend à la guilde des mendiants qui décide de louer les services de Shizukiri, un tueur à gages pour faire assassiner Akimitsu, le fils du propriétaire de l'épée. Shizukiri accepte et va en informer sa compagne Aruye qui est une prostituée, avant d'accomplir ce pour quoi il a été payé.
Le lecteur est un peu déstabilisé de constater que Miyamoto Usagi n'apparaît pas dans cet épisode, mas il se souvient que Stan Sakai fait ce qu'il lui plaît avec sa série car les personnages lui appartiennent. Il découvre une histoire qui relève du drame, sans romantisme pour exacerber les sentiments, sans flamboyance pour en exalter les émotions. L'histoire reste linéaire et simple : l'assassin accomplit sa mission, et déclenche un cycle de vengeance chez le père. Comme à son habitude, Stan Sakai n'a pas son pareil pour définir un personnage en quelques cases et en quelques répliques pour le faire exister et le rendre unique. Le lecteur voit la dureté de Shizukiri qui ne fait qu'exercer son métier avec compétence, même s'il doit en supporter le poids psychologique. Aruye ne fait qu'exercer son métier, même si elle ressent qu'il la place parmi les réprouvées. Le noble à l'épée ne fait que tester son arme sur un individu tellement insignifiant qu'il ne lui donne pas l'impression d'appartenir à l'humanité.
Comme d'habitude, Stan Sakai réalise des dessins simples qui peuvent paraître simplistes, mais qui décrivent chaque environnement avec efficacité et conviction. Le lecteur a l'impression de pouvoir ressentir la terre sous ses pieds dans chaque rue. Il se tient aux côtés des personnages, agenouillé comme eux sur les tapis de paille de riz. Il voit Shizukiri se ruer l'épée au clair sur les serviteurs du noble se taillant un chemin, ne faisant que son travail avec efficacité. Le lecteur prend conscience de la narration naturaliste sans afféterie, sans effet de manche, simple et tout public, sans pour autant atténuer l'horreur de ce qui est raconté.
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- Boss Hamanaka's fortune - Les pérégrinations de Miyamoto Usagi l'amène dans une ville dont les maisons ont besoin d'un sérieux entretien. Avant d'arriver, il s'interpose entre Jodo et 2 individus armés qui s'apprêtaient à le passer à tabac. Usagi s'arrête dans la taverne et prend un thé. Mayumi, la serveuse, lui explique que le chef de gang qui régentait la ville est mort subitement, que son fils Jodo s'est révélé incapable de prendre sa succession et que l'argent que les habitants payaient en tribut a disparu. Du coup, 2 gangs sont en ville, cherchant à mettre la main sur le magot. Il y a également un rônin peu commode qui semblait chercher le trésor pour lui-même.
Miyamoto Usagi a repris ses vagabondages et arrive dans une nouvelle ville, mais l'histoire ne ressemble à aucune des précédentes. Stan Sakai sait se renouveler pour proposer une intrigue déconcertante et inattendue. Comme souvent, Usagi se retrouve impliqué dans une sombre histoire sans rien avoir demandé. Le lecteur apprécie qu'il conserve son intégrité et son indépendance, et qu'il refuse de s'allier avec le premier venu. Le scénariste dépeint une situation complexe. Les villageois sont délivrés du joug du chef Hamanaka, mais la situation a en fait empiré. L'argent de leurs impôts a disparu et il n'y a personne pour prendre la tête du village, pour assumer les fonctions de chef. Au lieu de cela, plusieurs factions rôdent en espérant être les premiers à découvrir le magot et à se l'accaparer, uniquement par intérêt égoïste, sans aucune intention de le réinvestir dans cette communauté.
Dans un premier temps, Miyamoto Usagi se retrouve incapable d'apporter quelqu'aide que ce soit, car un seul individu ne peut se substituer à toute une organisation et il n'y a pas de parti légitime à défendre. Il ne peut qu'aider au coup par coup, un individu par ci, un individu par là. Il ne peut que compatir avec la serveuse Mayumi qui ne se voit aucun avenir dans ces conditions, au sein de ce village. Tout du long du récit, le lecteur est fortement impressionné par la mise en images de Stan Sakai. La séquence d'ouverture montre Usagi littéralement trempé par la pluie cheminant dans la boue. Tous les personnages disposent d'une apparence différente, or il y a en a beaucoup entre les membres de 2 bandes à la recherche de la caisse, le rônin et Jodo. Pour ce dernier Sakai montre son visage passer d'une expression hébétée à une autre plus fofolle d'une case à l'autre, attestant de la volatilité de son état d'esprit. Il montre également la détermination farouche de Mayumi, sans essayer de la rendre trop jolie. Il réalise des scènes de foule d'une grande lisibilité. Comme à son habitude, il représente des maisons crédibles, qu'il s'agisse de leur intérieur, ou de leur extérieur.
Ces 2 épisodes constituent une histoire très originale pour Miyamoto Musahsi, avec une intrigue étoffée et bien tournée, un nouveau personnage immédiatement attachant (Mayumi) doté d'un solide caractère, et une position d'impuissance pour Usagi assez rare. Excellent.
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- Rain and thunder - Inazuma et Keiko ont été rejointes par une troupe d'une demi-douzaine de gugusses armés qui souhaitent capturer Inazuma pour toucher la récompense promise. Après l'affrontement, elles se mettent à l'abri pour la nuit dans la cabane de 2 coupeurs de bois (le couple qui apparaît régulièrement parmi les figurants depuis le début de la série). Murakami Gennosuke et Inukai (Stray Dog) font irruption dans la cabane eux aussi souhaitant récolter la prime.
Pour la deuxième fois de ce tome, Miyamoto Usagi n'apparaît pas le temps d'un épisode de sa propre série. Stan Sakai a visiblement souhaité faire avancer une de ses intrigues secondaires. Inazuma est toujours habitée par l'esprit de Jei et elle aussi parcourt cette région du Japon, en compagnie de la fillette Keiko qu'elle a recueillie précédemment. En voyant Murakami Gennosuke et Inukai collaborer, le lecteur se souvient des débuts de la série, quand Gennosuke faisait équipe avec Usagi dans les premiers tomes. Il a la surprise de revoir les 2 coupeurs de bois (plus présents dans les premiers tomes) et de constater qu'ils ont pris de l'âge. Stan Sakai réalise donc un épisode pour montrer où en sont ces 4 personnages, sous la forme d'une succession d'affrontements. C'est une forme qu'il a déjà utilisée par le passé. Il sait concevoir une prise de vue sur plusieurs pages qui permet de suivre sans difficultés les différentes phases de l'affrontement, de gérer le placement des personnages, et de montrer les interactions avec l'environnement et les obstacles.
Cet épisode se lit facilement, avec des combats acharnés, et il permet de faire le point sur la situation de 4 personnages secondaires. Il ne présente pas la même intensité dramatique ou la même complexité que l'histoire précédente.
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- Bridge of death - Miyamoto Usagi et Mayumi sont arrivés dans une nouvelle ville et ils en profitent pour s'y promener en mangeant des takoyaki (boulettes de pâtes, contenant des morceaux de poulpe). Ils sont d'abord bousculés par un individu fuyant droit devant lui, puis par un groupe d'individus à sa poursuite. Fever dream - Miyamot Usagi a quitté la ville pour poursuivre son vagabondage, et il vient en aide à Chizu attaquée par des ninjas du clan Neko. The killer - Miyamoto Usagi a été rattrapé par Shizukiri, le tueur à gages, qui a pris Mayumi en otage.
À nouveau, Stan Sakai prend son lecteur par surprise. Miyamoto Usagi a accepté que Mayumi l'accompagne sur sa route. Il se retrouve à prendre en charge cette jeune femme décidée, et sachant ce qu'elle veut, restant toutefois obligée de se conformer à la place de la femme dans cette société. Mais bien sûr, sa condition de rônin l'amène à reprendre la route seul. Comme à son habitude, l'auteur utilise les conventions propres aux récits sérialisés, dont les rencontres bien opportunes, convention également utilisée dans le roman La pierre et le sabre, d'Eiji Yoshikawa. C'est ainsi qu'Usagi arrive au moment opportun pour prêter main forte à Chizu, l'ancienne cheffe du clan Neko. Mais en fait, le récit n'opère pas du tout un retour à une trame confortable. Stan Sakai a bel et bien bâti une intrigue sur 3 épisodes, avec une profondeur qui ne se révèle qu'au fil des séquences. Le lecteur plonge à nouveau dans un drame sans mièvrerie ni condescendance vis-à-vis des personnages.
Comme dans les épisodes précédents, la narration visuelle est impeccable. Le lecteur apprécie de pouvoir se promener aux côtés de Mayumi et Usagi dans les rues de la ville pour profiter du paysage, et découvrir le canal dans lequel passe la rivière. Il apprécie de pouvoir prendre un repas avec eux dans une auberge tranquille. Il retrouve avec plaisir la sensation de marcher dans les bois aux côtés d'Usagi, en observant les arbres. Il observe avec amusement la manière dont un ninja crache une aiguille empoisonnée. Il retrouve toute l'absence d'empathie de Shizuriki dans la manière dont il traite Mayumi. Il apprécie la clarté de la mise en scène et des prises de vue qui raconte l'histoire sans fioriture, mais en sachant en traduire toute la tension et l'inquiétude.
Cette dernière histoire constitue à nouveau une étonnante surprise, dans un ton plus grave que d'habitude pour les histoires d'Usagi, avec une intrigue solidement charpentée, et des dessins toujours aussi épatants dans leur simplicité apparente et leur capacité à raconter l'histoire avec naturel et élégance. Exceptionnel.