Japon, côté obscur
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le 20 nov. 2012
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Ushijima, c’est sombre, dur et réaliste… Pourtant c’est addictif et prenant ! Amateurs de trucs bien noir, Ushijima est pour vous !
De la lecture d’Ushijima, on ne revient pas totalement indemne tant les thèmes abordés sont noirs et violents et la façon de traiter ceux-ci est crue et sans concessions… Ceux qui veulent du seinen noir, dur et cru trouveront leur bonheur mais il n’est pas à ne pas mettre entre toutes les mains non plus. Car Ushijima c’est un peu une satyre de la société nippone. Ses travers comme la surconsommation actuelle est aussi dénoncée. Et toutes les couches de la populations sont touchées; femme au foyer accroc au jeu, petit chef de gang, arnaqueur à la petite semaine, salaryman addict aux soapland etc…
Et tous ont besoin de fric ! Fric que leur prête Ushijima à des taux d’intérêt exorbitants. Mais quand l’heure du remboursement est arrivé, l’usurier fera tout pour récupérer son dû. Car cet usurier n’a rien de commun avec un banquier courant, et ne se contente pas de mise en demeure. Si pour le rembourser il faut vendre toutes ses affaires ou même vendre son corps, Ushijima vous « persuadera » de le faire.
Car il possède des méthodes bien rodées et efficaces, mélange d’intimidation, de violence verbale et physique…Et tout ceux qui tenterait de se soustraire au remboursement (avec intérêts) risque de le payer cher…
L’auteur « remue la merde » sans prendre de gants et de telle manière que les chocs visuels frappent encore plus forts. Et les pages de ce manga regorge de claques visuelles… L’auteur y aborde tellement de thèmes différents et variés que l’on ne peut en évoquer que quelques uns ; dérive de la société, règne de l’argent roi, loi du chacun pour soi, addictions, violences… On découvre un autre Japon, méconnu, sale et dérangeant, ou le fric régit tout. On y découvre entre autre les bornes automatiques de crédit (comme un ATM/Bancontact) mais pour faire un crédit à la consommation, les services de reventes de cartes trains etc… Tout un pan de la société Japonaise méconnu chez nous et rarement abordés dans les mangas…
Le dessin est réaliste et cru et assoit complétement le propos. Le découpage est efficace et la narration fluide et bien rythmée. Par contres je ne conseille pas la lecture suivies de plus de 2-3 tomes, car la déprime et des envies de suicides pourraient -comme pour moi- vous gagner. Car c’est rude, glauque et limite déprimant mais aussi tellement addictif ! Car entre savoir qu’est-ce que Ushijima va imaginer pour récupérer son fric et ce que les débiteurs vont inventer pour s’en sortir, on a clairement envie de savoir. Et la psychologie des personnages et le pourquoi-du-comment ils se sont retrouvé la-dedans n’est pas mise de coté. Et tout ça contribue a enrichir, nourrir et épaissir le récit.
En bref, un très bon manga, injustement sous-coté, qui par son propos et son déroulement se détache de la plupart des titres du genre. A réserver aux amateurs de récit réaliste, cru, dur et limite dérangeant mais qui délivre quand même une morale au final. Car Ushijima n’est pas qu’un sale enfoiré et même si ses actes son parfois limites, il possède une étique et SON sens de la justice. Et il ne prendra jamais un Yen qui ne lui appartient pas ou qui ne lui est pas dû…
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Créée
le 26 août 2018
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