On ne se cachera pas que ce tome n'est pas la vraie fin de Mutafukaz, celle-ci est déjà survenue avec le tome 4. Le tome 5 prend des allures d'épilogues en se concentrant sur les dernières heures de la crise de Dark Meat City pour Angelino, Vinz et Willy. Or rappelons que si ceux-ci sont les héros de l'histoire, ils n'en sont pas nécessaires. En effet, comme le fait remarquer un antagoniste, toute l'histoire aurait été la même sans eux
Si cet aspect était un des points forts de Mutafukaz, qui savait différencier les personnages principaux du centre de l'histoire, il s'agit, ici, d'une faiblesse. En effet, les Machos ont été vaincus dans le tome 4. Il ne s'agit donc que de se reconstruire et ici Run s'intéresse surtout, dans ce tome, à amener du combat final pour Lino, combats plus ou moins bien amenés d'ailleurs.
A côté de ça, ce tome expose surtout la situation de l'après-crise. Et quand je parle d'exposition c'est le bon mot, on est moins dans l'action, dans le récit, que dans le fait de montrer une situation.
Globalement ce tome plaît beaucoup moins, la faute à des antagonistes absents, à un dynamisme encore présent ou même au sentiment de progression qui a disparu. On expose comme un épilogue, car, encore une fois, c'est ce que tome est.
On y ajoute un sentiment de non-terminé qui est bien regrettable.
Dans le même temps, c'est graphiquement excellent, doté d'une édition solide qui fait la part belle aux changements de papiers, aux changements d'effets de styles et à une critique virulente envers les médias mais aussi les thèses complotistes. Les personnages restent eux-mêmes et Run sait jouer de la narration traditionnelle pour mieux montrer la différence entre ce récit et le format plus habituel, par exemple celui du shonen (progression après un entraînement, croyance en la force de l'amitié, etc.).
Finalement ce tome, sans poser de question, répond à celles qui nous intéressent surement le moins et invite déjà à envisager une suite. On a surtout beaucoup de bonus qui plairont aux fans. On sent bien en tout cas, qu'en 10 ans, Run a vu ses plans changés et que cette fin de Mutafukaz n'était pas prévue sous cette forme là, étalée et amenant donc un cinquième tome beaucoup plus mou que les précédents.
Reste, comme je disais, des idées excellentes, graphiquement comme en terme de scénario. Run sait se jouer des codes ou amener avec humours des détails explicatifs. Par exemple les smartphone ne sont inventés qu'après la crise de Dark Meat City. Par ce procédé Run souligne deux choses : ce n'est pas du tout notre univers à nous, et cela explique pourquoi personne n'a filmé la crise en question. Il justifie ainsi le manque de communication de la situation catastrophique de manière intelligente et un brin humoristique.
Mutafukaz se referme, en BD, pour l'instant, avec cette page. Espérons que les suites programmés sous les différents formats saura offrir à ce récit excellent, ce qui lui manque pour être parfait : une vraie fin.