Comme certains (beaucoup même), j'ai découvert la BD après avoir grandement apprécié le film. J'étais gentiment interpellé par le discours de V, incarné par la diction parfaite d'Hugo Weaving.
Je voulais lire cette bande dessinée pour comparer le film au livre, juger du degré de fidélité.
Il n'y a pas de comparaison possible. Le film est un divertissement intelligent mais au discours anarchiste et révolutionnaire finalement simpliste.
Le comics est une œuvre exigeante, ardue, mais qui nous propose une réflexion approfondie sur le pouvoir, le contrôle, la conscience diffuse de la liberté comme de son absence.
Le dessin, d'une beauté froide, se passe des habituels "BAOUM" inscrits en gras pour bien nous montrer qu'une explosion a eu lieu, afin de mieux se concentrer sur une succession de plans visuels sombres, contrastés, avec, surgissant dans les ténèbres, le masque de Guy Fawkes.
Les personnages sont beaux dans leur laideur, leur faciès déformés par les émotions qui les habitent sont saisissants, du flic poursuivant V, en passant par Evey ou le chef suprême de l'Angleterre...
Le scénario est au départ d'une fausse simplicité. V, un révolutionnaire masqué dans une Grande Bretagne fasciste, essaye de réveiller les consciences des citoyens britanniques tout en menant sa vengeance personnelle contre ses anciens bourreaux. Tout change quand il rencontre Evey...
Ça vous rappelle le film pour le moment n'est ce pas ? Et pourtant, Alan Moore va tellement plus loin. Son récit, dense, ne nous parle pas de révolution, mais de contrôle. Le contrôle de la société, de la nécessité d'ordre, du besoin des peuples d'avoir une figure d'autorité, même abjecte.
Quelles conséquences ont une révolution ? N'est ce pas finalement plus simple de ne rien faire et de vivre sa petite vie tranquille, caché ? Quels sacrifices peut on envisager pour une société meilleure alors que l'espoir n'est plus là ?
V pour Vendetta met en scène toutes ces questions et d'autres encore... Je suis peut être un peu hyperbolique, mais à mon sens, le degré de réflexion de ce comics vaut bien celui proposé par le 1984 d'Orwell.
Critique comparée film vs Comics.