Après une introduction cauchemardesque qui nous plonge dans les ténèbres qui habitent Rick, le dixième épisode de Walking Dead tente de glisser vers le questionnement. De nombreux traumatismes ont ponctué jusqu’ici le quotidien des survivants du petit groupe emmené par Rick à travers l’horreur et l’indicible. Il s’est beaucoup agi d’actions justement, de faire ou de ne pas faire, présentement, dans l’urgence. Sur une trame toujours haletante, Robert Kirkman amène ici Rick et le lecteur à se poser quelques questions plus profondes sur la nature de l’homme, sur la part de bestialité qui l’habite et sur les conditions qui la retiennent enfouie.

Le dessin s’y met, avec d’abord une splendide double page de voyage comme on aimerait en voir plus : la caravane traverse une rue clairsemée de zombies trop lents pour les inquiéter, l’illustration palpable de ce qu’est le monde qu’ils traversent dorénavant. Il y a aussi la légère asymétrie du montage de quelques pages autour de la tentative de suicide de Maggie, une altération de l’équilibre qui évoque la déconstruction de chacun qui s’opère : dans ce monde où les règles de survie s’inventent chaque jour, les lignes morales ont indéniablement bougé.
L’épisode nocturne, sur la route, qui voit Rick, sanglant animal poussé dans ses derniers retranchements, commettre un abominable carnage, amène une des grandes questions de la série : comment survit-on quand la sauvagerie prédomine, comment accepte-t-on de commettre l’horreur et comment continuer de survivre après en avoir été réduit à tuer, avec barbarie souvent ? Quelle humanité reste-t-il à ceux qui restent ?

Avec un scénario assez agréable dans le rythme, et qui développe de nouveau un suspense de chaque instant et de nombreuses attentes, le dixième épisode pose enfin cette question : survivre pourquoi et pour qui ? Vers quel avenir ? L’humanité qui s’annonce assombrit les rares espoirs de calme et d’insouciance. Et le passé gravé dans les âmes n’allège pas le cœur des survivants. Au cœur de tout ça, seul le caractère secret et impassible de Michonne semble être assez solide pour se constituer en rempart. Froide, déterminée à survivre. Triste et pauvre humanité.

Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
8

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le 8 mars 2015

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