Déjà embarqué dans Blue Giant, la présence de Shinichi Ishizuka au festival d’Angoulême 2019 m’a incitée à me pencher sur Vertical. À l’époque j’ai arrêté mon ascension du titre au quart. Je n’étais pas dedans et selon un principe clé de l’alpinisme : mieux vaut renoncer à escalader un sommet si on ne le sent pas. Ma seconde ascension a, elle, été couronnée de succès (et réalisée sans oxygène artificiel !).
Vertical a pour héros Sanpo Shimazaki, alpiniste chevronné et bénévole dans les alpes japonaises : en cas de souci les autorités font appel à lui pour sauver une ou des personnes en difficulté, retrouver des disparus… Autant dire que ses journées sont bien remplies, qu’il vit dans une tente, apprécie le café et nous montre que si « la montagne ça vous gagne » elle peut aussi vous emporter en un claquement de doigts. Beauté et terreur.
Mais Sanpo est un « drogué » de la montagne et n’hésite pas à dire aux personnes qu’il sauve qu’il espère les revoir en montagne, qu’elles « ont été très courageuses ». Si ces propos peuvent surprendre, au fil des sauvetages et du « background » du personnage et de ses interactions avec les autres on comprend pourquoi il dit cela, pourquoi il pense comme il pense. Il n’est pas urbain mais montagnard.
Vertical ne se limite pourtant pas à empiler les récits de sauvetages réussis ou non. L’auteur développe aussi l’environnement autour de Sanpo, construit un réseau autour de lui. Vertical montre comment s’organise la chaîne des secours en montagne. Les derniers tomes mettent en branle cet édifice pour un final réussi mais qui m’a fait froncer les sourcils à quelques reprises (rien de trop grave).
Avec une galerie de personnages maîtrisée, plus d’assistants au fil des tomes, des informations récoltées sur place, S. Ishizuka produit un récit qui marque par son réalisme et le goût de l’auteur pour les ascensions. Vertical donne ainsi envie non pas de (re)lire Ascension mais de se plonger dans l’ouvrage de Delphine Moraldo sur L’esprit de l’alpinisme…