AVIS DE L'INTÉGRALITÉ DE MON AVIS SUR THE WALKING DEAD
On pourrait écrire des tartines sur la saga, notamment en comparaison avec la série télé, mais je pense que d'autres l'ont fait avant moi. Ce comic-book dure quand même depuis 14 ans et je ne vais pas révolutionner la critique en vous disant "alors, ce qui est dingue dans Walking Dead, c'est surtout que les zombies hé bah, c'est pas les vrais prédateurs, les vrais prédateurs, ce sont les hommes."
C'est d'autant plus évident que sur la fin, des zombies on en croise de moins en moins. Et là où pas mal de gens se sont mis à décrocher de la saga après les vingt premiers volumes, c'est au contraire là que je les trouvent les plus intéressants.
Comme pas mal de gens, j'ai commencé par la série télé. Je m'étais mâté l'assez courte saison 1, que je trouvais "meh" lorsque je suis tombé sur les comic-books. A l'époque j'avais un coup de blues lié à une relation amoureuse défaillante et j'ai donc avalé la quinzaine de tomes parus à l'époque pour penser à autre chose.
Autant dire que c'était une idée de merde, car le moral fut encore plus en chûte après cela : entre les morts à répétitions des membres des groupes de survivants, les atrocités commise, les retournements les plus choquants les uns que les autres, j'avais l'impression de plongée dans les abîmes de la dépression. Les personnages étaient foutus, défoncées par la vie et vouées à une perpétuelle survie qui a de moins en moins de sens. The Walking Dead n'épargne rien en terme de cruauté et à un moment j'ai même failli laisser tomber à cause de ça.
J'étais rendu à l'épisode où Rick tire involontairement sur son fils après avoir froidement laissé tomber une personne qui allait se faire manger par les zombies et qui allait le retarder.
Et puis, continuer tout de même à lire les épisodes, mon intérêt pour le comic commence à remonter après le volume 15. L'idée est un peu moins de survivre aux zombies que de survivre tous ensemble. Comment essayer de vivre tous ensemble quand la société s'est effondré. Cela donne des épisodes de plus en plus bavards, de moins en moins remplis en morts en tout genre (quoi que l'arc Negan est pas mal non plus dans ce genre) et de "choc value" basé sur du "hé, tu pensais pas que ce personnage allait mourir vu qu'il était dans le groupe depuis le début ? Hé bah t'as perdu !"
Walking Dead est une bd sur la fin de la civilisation. Et c'est en ça qu'elle devient bien plus complexe et bien plus intéressante à mes yeux sur la fin qu'au début (qui ressemble à n'importe quelle histoire de gens tentant de survivre à une invasion de zombie...) Rick Grimes réussira t-il à faire survivre la société ou bien les êtres humains sont-ils de gros connards juste bons à s'entretuer ? La réponse à la fin du comic book.
Walking Dead c'est la vision sur 16 ans d'un créateur rattrapé par son humanité. On part dans un récit de zombie un peu classique avec un groupe de survivant tentant de suivre sa voie au milieu de l'apocalypse et dans lequel n'importe qui peut mourir (c'est marrant, c'est avec Game of Thrones la mode du "anyone can die" dans les années 2010.) Et plus le récit se poursuit, plus le groupe s'agrandit et tombe sur des conflits de plus en plus complexes : au début il s'agit juste de survivre aux zombies, puis de vivre en petite bande, puis de survivre à des dictateurs dont la psychologie est de plus en plus complexe. On passe de "comment va-t-on survivre" à "comment va-t-on prospérer ?"
L'idée de base de Kirkman était d'offrir une fin choc dans laquelle l'humanité aurait perdue face à l'invasion zombie, avant de se dire qu'au final ça serait absurde de faire en sorte que ses personnages aient fait tout ça pour rien. Et on voit petit à petit la réflexion qu'il a envers la civilisation faire son chemin au fur et à mesure des arcs, passant du nihilisme au positif. Et ça c'est fort.
Et c'est en cela que Walking Dead est attachant, c'est cette vision, difficile d'une civilisation détruite qui doit redémarrer après le choc de sa destruction. Si un partie des fans de la première heure a râlé qu'à partir des tomes 20 ça commence à "devenir mollasson" et "à manquer d'action" pour moi c'est justement à ce moment là que le récit devient intéressant : avant il est sclérosé par un côté "no future" qui consiste à voir des gens tenter de survivre et se ramasser la gueule et subir des pertes aussi cruelles qu'horrifiques.
Il y a tout un récit sur "comment peut-on se refaire confiance" et sur l'entraide mutuelle au point qu'à la toute fin, la menace zombie est totalement périphérique. Alors certes, les derniers antagonistes sont limites un peu con dans leur jusqu'au boutisme mais ça n'est certes pas étonnant.
Et Rick meurt finalement de façon très anti-climatique. Mais c'est ce qu'il laisse qui est intéressant.
Au final, j'aime bien aussi l'épilogue qui montre une société devant vivre avec l'idée que ses morts deviendront des zombies mais qui repart sur de nouvelles bases.
Bref, on retiendra qu'ironiquement, après 16 ans de comic-book sur une civilisation détruite par une pandémie, Walking Dead s'est fini en 2019, quelques mois avant la découverte du Covid-19.