A l’image du rêve américain, les super-héros masqués étaient très en vogue dans les années 40, lorsque les Etats-Unis étaient la nation qui a pu mettre fin à la 2° guerre mondiale. Puis ils sont peu à peu tombés en disgrâce avec plusieurs scandales les concernant, à l’image de la guerre du Vietnam qui a terni l’image de l’Amérique. C’est que ces super-héros n’ont rien d’irréprochables : violent, torturés, pervers, idéologie douteuse… Cela n’a pas empêché une nouvelle génération d’apparaître, mais lorsqu’une loi fut passée pour les interdire, ils durent ranger leur masque…
Jusqu’à ce que l’un deux, Edward Blake, se fasse tuer. Ce meurtre fit ressurgir de vieux souvenirs. Chacun se remémore les instants passés, ainsi que sa propre histoire, que l’on découvre en détail, sous forme d’ajouts additionnels à la bande-dessinée (livre, revues, lettres…). Solitaires, souffrant de ne pouvoir revêtir de masque, ils découvrent bientôt que ce meurtre n’est que le sommet d’un complot bien plus vaste et bien plus énorme qu’ils n’auraient pu l’imaginer.
En attendant, le conflit entre les Etats-Unis et la Russie s’envenime et rien ne semble plus pouvoir arrêter l’apocalypse nucléaire, aucune des nations n’étant prête à accepter un désarmement de peur d’être frappé le premier. La paix censée être apportée par le docteur Manhattan semble au contraire avoir aggravé la situation.
Watchmen est une BD sans concession sur la nature humaine. Blake l’avait compris le premier, a cessé toute idéalisme et laisser libre cours à sa propre violence, à l’image de l’humanité.
Le docteur Manhattan voit le monde d’une toute autre dimension, ou les vies humaines n’ont pas plus d’importance qu’une roche, ou la vie n’a aucun sens…
Rorschach a choisit de combattre le mal par le mal, seule façon selon lui d’agir. Les méchants devaient être punis, arrêtés, ou tués. Un devoir qu’il s’est imposé, conséquence d’une enfance difficile. Lui aussi a compris que le mal était dans la nature humaine, et non une fatalité. Un mal qu’il est possible de combattre. Il n’a jamais reposé le masque et continuer d’agir en toute illégalité.
Daniel et Laurie ont quant à eux retrouvé une vie normale. Mais Daniel souffre de ne plus revêtir le masque. Comme des citoyens ordinaires, ils s’inquiètent de l’apocalypse annoncée et tentent de vivre malgré tout, à l’image de ce psy qui s’implique trop dans ses patients, ou ce vendeur de BD qui a choisit ce travail pour parler aux gens.
Mais le plus intéressant est Viedt, qui a compris que combattre les criminels était vain. Il fallait combattre le mal à sa source…
SPOLIERS/
De cette conscience, est né dans l’esprit de ce génie un plan diabolique : attaquer en même temps les deux nations en guerre pour les amener à cesser les hostilités et combattre ensemble une menace extérieure. Un plan qui a nécessité beaucoup de sacrifices, et de nombreuses et innombrables victimes. Un plan horrible, mais qui sauva néanmoins la Terre de la destruction…
Ce super-héros était en fait le méchant de l’histoire. A l’imagine de ce personnage de bande-dessiné (bande-dessiné dans la bande-dessiné), qui pour venger les siens sombre dans la folie et rejoint finalement les pirates, la frontière entre le bien et la mal est donc bien mince.
En général, lorsqu’une personne a recours à un plain extrémiste pour ce qu’il considère être le plus grand bien, il finit toujours par être arrêté. Or là il parvient non seulement à réussir son plan, (les « gentils perdent ») mais en plus il a le résultat escompté, à savoir sauver le monde. Ce qui nous place, comme les autres héros ayant tenté de l’arrêter, dans une dérangeante position : Veidt est-il bon ou mauvais ? Doit-on le blâmer ? Peut-on cacher une vérité aussi horrible et laisser pareil crime impuni, sachant que sa révélation serait susceptible d’entraîner une tragédie bien plus grande ?
/SPOLIERS
Sombre, violente, Watchmen raconte l’histoire de super-héros torturés et imparfaits. Vision sans concession de la nature humaine, frontière floue entre le bien et le mal, histoire ou il n’y a en fait ni gentil ni méchant.