Not any Moore
Cette fois, c'est la dernière, j'en peux plus moi, votre dégénéré barbu végétarien que vous idolâtrez comme c'est pas permis, je vous le laisse, étouffez-vous avec si vous voulez, mais arrêtez une...
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le 29 juin 2012
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Comics le plus célèbre d'Alan Moore, Watchmen, sorti en 1986, fait parti de cette liste de comics qui institue la fin du Bronze Age et le passage à l'ère moderne. Si on peut rapprocher Watchmen d'un Dark Knight Return de Miller ou d'un Kraven Last Hunt de DeMatteis dans l'aspect « fin de Bronze Age », la particularité de Watchmen est d'être parvenu à dépasser les limites du comics et d'obtenir une reconnaissance du grand public.
Un comble quand on songe que Watchmen se veut être une histoire de supers-héros.
Ma critique n'en est qu'une parmi d'autres. Difficile de dire quoique ce soit de neuf et d'intéressant sur une œuvre si connue et que beaucoup ont su mieux décrire que moi.
Pour autant, relire Watchmen m'a fait un incroyable choc. Je ne me rappelais pas d'une narration si réussite. Moore parvient totalement à transcender son lecteur et chaque chapitre est une histoire en soi, qui se laisse lire et admirablement aimer. On s'éclate totalement, on ne s'ennuie absolument pas et on a une dose parfaite de récit. Même pour l'époque, Watchmen avait une narration dense. Il faut dire que le travail de Dave Gibbons aide beaucoup, son trait est séduisant, ses planches bien amenées et il est réellement dans ce style qui se veut novateur sans renier le passé.
La beauté de Watchmen c'est évidemment sa complexité. La BD se veut être avoir de multiples degrés de lectures et de multiples pistes. Ainsi, nous parle-t-on d'un sur-homme dans un monde trop humain ? D'une réflexion sur des héros qui vieilliraient ? De héros réalistes ?
L'ensemble est là et la lecture est un grand plaisir. Moore participe à ce courant qui va rendre réaliste les héros, notamment en les confrontant aux vieillissement et à leurs propres folies. Car oui, pour combattre le crime en collant il faut quand même être un peu dingue.
Ce que j'ai le plus adoré, outre les détails de cet univers si bien pensées, c'est la complexité de chacun des personnages. Chacun peut être lu comme un simple personnage servant à faire avancer l'histoire, mais ils se révèlent tous d'une extrême complexités, avec leurs défauts, leurs aspirations, leurs désirs, leurs passés. Aucun n'est simple et aucun n'est un héro. Rorschach, par exemple, souvent considéré comme le héros du film est en réalité d'un manichéisme débile. Bien qu'admirable dans sa volonté, il souffre de tendance fasciste et homophobe. Son personnage est intéressant car, à travers lui, présenté souvent comme un héro, on comprend que pour Moore, tous ont des défauts.
Mon préféré restant bien sur le Hibou II qui clairement souffre d'un manque de confiance en soi, mais aussi de virilité et a besoin d'être un héro pour sauver cela. Le super-héroïsme est pour lui une sorte de viagra spirituel qui lui redonne estime mais surtout volonté d'exister pleinement. Le poussant en réalité aux plus grandes folies.
Spectre Soyeux II apparaît d'ailleurs souvent comme la plus normale de tous les héros. Et, à ce titre, elle peut être énervante, mais en réalité, son bon sens est un guide pour le lecteur qui peut retrouver un schéma logique de conduite, loin des réflexions étranges, mais en même temps d'une logique implacable de Dr. Manhattan.
J'adore tous les détails de cette œuvre, c'est ce genre de points qui donnent le désir de relire fréquemment cette BD.
Au hasard, toutes les pages sur le comics de pirate est géniale. A la fois symbole de l'histoire, mais aussi réflexion sur l'évolution du comics réel. Grandiose au possible et montrant aussi que le succès du style super-héroïque est du pur hasard en réalité.
Et la tenue de Manhattan, on en parle ? Plus il avance, plus il se déshabille. Son taux de vêtement représente en réalité son taux de compréhension de l'humanité. Un détail pas d'une puissance folle mais grandement amusant quand même.
Seul la fin de Watchmen me déçoit. Le plan d'Ozymandias étant un peu gros puisqu'il réunie téléportation, pouvoirs psychiques et clonage. Tant d'éléments qui semblent loin de l'univers Watchmen où seul Manhattan est montré comme d'une réelle supériorité. Je trouve cela un peu gratuit et je dois avouer qu'avec le recul, je crois préférer la fin du film de Snyder.
Watchmen change la donne, son récit est novateur et d'autres ont su le montrer bien mieux que moi. Mais Watchmen est et reste une histoire excellente à lire en elle-même, que ça soit dans le récit brut ou dans la technique, on est toujours gagnant. Watchmen est d'une rare puissance et possède pourtant un aspect complet qui ne donne même pas envie de lire une potentielle suite. Non, ça suffit à soi-même.
Et plutôt que de lire le prequel qui est sorti depuis quelques temps, je préfère relire l'hommage de Morrison dans Multiversity : Pax Americana.
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Créée
le 18 juin 2015
Critique lue 1K fois
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