Si je ne suis pas un grand fan des comics "X-Men", j'avoue que le personnage de Wolverine me fascine de par son coté: "couteau suisse". En effet, il est possible de tout raconter à partir d'un pitch très simple à la base: un combattant dont la dangerosité augmenterait via la greffe aux bras de six lames rétractables à volonté. Le concept est tout bête mais très efficace pour offrir des combats d'anthologie, dont les films d'arts-martiaux sont particulièrement friands. C'est ainsi que Logan est passé d'agent spécial canadien à immortel amnésique et bestial avant de devenir une figure tragique, homme à femme et sentimental au fil des années.
Ce riche et dense historique a été exploité par Chris Claremont et Frank Miller à la perfection, au point d'en inspirer la "trilogie" cinématographique dédiée au mutant, et particulièrement le second volet, intitulé sobrement: "The Wolverine". Mais cette fameuse série de comics, de quoi ça parle?
Alors qu'il mène une vie solitaire et recluse dans les montagnes du Canada, Wolverine décide se rendre au Japon afin de revoir sa Bien-aimée, Mariko, héritière par son père du clan Yashida. Mais à son arrivée, il apprend que la Belle est contrainte au mariage par devoir d'honneur. Il n'en faut pas plus pour que le mutant intervienne. Mais l'affaire se corse quand Logan est victime des manigances de Shingen, le père de Mariko de retour d'une longue absence, de même que de l'emprise de Yukio, mercenaire désabusée et sauvage qui a jeté son dévolu sur lui.
Perdu par les traditions:
L'intérêt principal de cette série est qu'elle profite de sa nature de récit à part de la chronologie des X-men pour prendre le temps d'introduire le Japon, son mode de vie, les coutumes et traditions liées à ses racines. Le fait de plonger Wolverine à la fois en tant qu'Occidental mais aussi en tant qu'animal perdu au milieu d'un ordre rigide et codifié permet non seulement aux auteurs d'enrichir la culture de leur lectorat mais aussi d'éprouver psychologiquement et physiquement un personnage un peu trop surpuissant. En effet, ne vous fiez pas aux couvertures mettant le personnage à son avantage: cette aventure est l'occasion de voir Wolverine en baver, et pas qu'un peu. Trahi, manipulé et humilié, le récit s'apparente à la quête du super-héros pour retrouver son honneur volé.
Deux femmes, un choix
Le récit parle de la dignité, de la vengeance, de l'héritage familial mais aussi de l'Homme avec un grand H. En effet, le cœur même de l'intrigue est la dualité entre l'Homme à l'état sauvage et l'individu civilisé; le voyage de Logan/Wolverine est celui d'un être égaré qui va retrouver un sens à sa vie en entrant en lutte contre la corruption des lois. Cette opposition de la force brute et solitaire à la société normée et figée dans le temps est illustrée par le conflit dans le coeur de Wolverine: d'un coté, la sublime et froide Mariko, dernière d'un camp ancestral. De l'autre, la fougueuse et insoumise Yukio, aux armes similaires à notre héros. Pourtant, un choix devra être fait, qui scellera définitivement le destin de ce dernier. En cela, le comic prend des allures de tragédie, faisant écho à Chushingura, l'histoire des 47 guerriers qui donnèrent leur vie pour venger la mort de leur maitre, devenant par là-même des rônins. (Hommes dépourvus de classe sociale au Japon). Paradoxalement, c'est par l'exclusion que le héros fera preuve de vrai courage et gagnera l'admiration de sa Belle.
Ou pour citer Kipling:
Ne perds pas de vue l'objectif. Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire seront à tout jamais tes esclaves soumis. Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire, tu seras un Homme, mon fils.