Ce tome comprend les épisodes 31 à 37 de la série Wolverine, ainsi que 2 épisodes spéciaux "The jungle adventure" et "Bloodlust", parus en 1990/1991.
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The jungle adventure (48 pages, scénario d'Archie Goodwin, dessins de Mike Mignola, encrage de Bob Wiacek) - À l'occasion de l'entracte d'une comédie musicale à Broadway, Logan tombe dans un piège qui le conduit à se rendre dans la Zone Sauvage, pour retrouver le commanditaire. Il est accueilli comme un dieu venu du ciel par une peuplade indigène.
Archie Goodwin s'offre une aventure à l'ancienne, composée de 2 parties : la première où Logan joue son rôle de divinité mal embouchée, la seconde où il se bat contre un ennemi récurrent des mutants Marvel. C'est linéaire, basique, sans prétention, avec une note d'humour parfois malvenue. Difficile de croire à ce supercriminel souriant de toutes ses dents, en expliquant à Wolverine son plan machiavélique. Mike Mignola a déjà pris l'habitude de tailler ses personnages à grands coups de burin, mais il n'a pas encore adopté l'usage intensif d'aplats de noir massifs et primitifs. D'un coté son style se marie bien avec cette aventure dans la jungle (avec dinosaure), de l'autre il ajoute lui aussi un coté humoristique peu crédible.
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Épisodes 31 à 33 (scénario de Larry Hama, dessins de Marc Silvestri, encrage de Dan Green) - Logan séjourne à Madripoor sous son identité de Patch. Il est la cible d'un groupe yakusas qui souhaitent l'éliminer pour pouvoir se livrer à l'extermination d'une race de singes en voie de disparition, race indigène à Madripoor. Épisode 34 - Logan pourchasse un tueur dans le Grand Nord canadien en compagnie d'un garde de la Police Montée.
Larry Hama écrit une histoire qui se situe dans la droite ligne de celle de Goodwin, en termes de genre. Il s'agit d'une aventure décomplexée, avec des méchants très méchants, une intrigue un peu boiteuse aux entournures (les méchants veulent exterminer les singes, qui sont la principale source de leur revenu, il faudra m'expliquer). Wolverine attaque jusqu'à temps qu'il ait le dessus, confrontation après confrontation. Il y a plusieurs rebondissements qui assurent que les combats se suivent mais ne se ressemblent pas. La psychologie est quasiment inexistante. Wolverine est l'expression même d'une virilité affirmée, sans qu'il en devienne invincible. La deuxième histoire est dans un style similaire : grande aventure dans la nature sauvage, avec méli-mélo de souvenirs neuneu du policier ayant déjà croisé Wolverine. C'est basique, invraisemblable, très facile à lire, sans prétention, avec un bon niveau de divertissement.
Dans ces épisodes, Marc Silvestri est encore très influencé par John Buscema dans sa façon de représenter les personnages et de concevoir les postures dans l'action, avec encore un niveau de détail satisfaisant, y compris dans les arrières plans d'une régularité normale pour ce genre de comics. Dan Green utilise déjà un encrage un peu grossier, un peu à la truelle pour accentuer l'aspect brut des dessins. Le travail de reprographie semble avoir été fait en accentuant les contrastes à fond pour mieux faire ressortir les traits encrés, ce qui accentue l'aspect grossier de l'encrage.
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Bloodlust (48 pages, scénario et dessins d'Alan Davis, encrage de Paul Neaury) - Logan a décidé de se ressourcer au Canada, à Dawson City dans le Yukon. Il boit une bière tranquille tout seul à sa table, avant d'être entraîné dans une bagarre. Une fois sortie en charmante compagnie, il est assailli d'images mentales et de sensations liées à la furie animale, et à la soif de tuer pour voir le sang couler. Il est également assailli physiquement par un groupe d'individus grands, élancés, couverts d'une fourrure blanche qui enlève la femme qui l'accompagnait. Il se lance à leur poursuite dans l'immensité neigeuse et sauvage.
Le lecteur peut ressentir l'influence de Wolverine de Chris Claremont et Frank Miller dans la première pleine page (visuellement) et dans cette histoire de chasse et d'animalité. Néanmoins, Davis ne se contente pas d'un récit "à la manière de..". Il utilise comme Claremont et Miller, le flux de pensée de Logan, dans de brèves cellules de texte, pour transmettre sa confusion mentale sous l'assaut de ces sensations primaires. Il insère une composante surnaturelle importante, et une légère touche de science-fiction, pour un récit dans lequel Wolverine est complètement dans son élément, entre étendues sauvages enneigées, et tiraillement entre son coté animal et ses aspirations civilisées. Il est visible que Davis a passé du temps sur ses dessins (plus sur les personnages que sur les décors), avec un encrage méticuleux de Neary. L'environnement enneigé permet à Davis & Neary de s'affranchir des arrières plans pour un fond blanchâtre avec quelques jeux de lumière, transcrivant les étendues neigeuses. Le soin apporté aux personnages permet d'éviter l'effet scène de théâtre vide de décor pour les différentes séquences. Davis et Neary réalisent une histoire originale de Wolverine respectant ses caractéristiques principales, avec une petite réflexion sur ses aspirations et ses craintes les plus intimes.
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Épisodes 35 à 37 (scénario de Larry Hama, dessins de Marc Silvestri, encrage de Dan Green) - Logan continue de se ressourcer au Canada, à Vancouver, où il retrouve Eugène Judd (Puck, un membre de l'équipe Alpha Flight). Ensemble ils décident de s'adonner à une journée de pêche en barque. Mais Lady Deathstrike (Yuriko Oyama, transformée en cyborg par Spiral dans l'épisode 204 de Uncanny X-Men, voir Lifedeath ou Ghosts) est sur sa trace. À cette époque, elle fait partie des Reavers de Donald Pierce et bénéficie des services de téléportation de Gateway (un aborigène). Ce dernier la téléporte auprès de Logan, mais ajoute un petit tour à sa façon : Logan, Puck et Lady Deathstrike se retrouvent à Guernica en 1937, en pleine guerre civile espagnole. Logan et Puck arrivent dans une arène, Puck comme toréro, Logan assis à coté d'Ernest Hemingway. Lady Deathstrike s'associe à la Légion Condor, des volontaires de la Luftwaffe combattant aux cotés du camp nationaliste.
C'est reparti pour des combats pleins de testostérone, dans un environnement complètement délirant, et finalement sans grande importance ou conséquence sur le déroulement de l'intrigue. L'objectif de Larry Hama est de se faire plaisir en rendant un hommage très personnel à Ernest Hemingway, avec ces affrontements à nouveaux très virils (oui, même pour Lady Deathstrike), avec force coups de feu, et coups de griffe, d'affirmation de fierté (mal placée et risible) et de code de l'honneur à deux balles. L'intrigue est rapide sans être décompressée, 100% action & 0% psychologie, avec des rebondissements réguliers pour maintenir le rythme de la narration. Le lecteur n'a qu'à se laisser porter par la suite de péripéties pour se laisser distraire, ou divertir (en fonction de votre état d'esprit).
Le style de Silvestri s'éloigne un peu de ses influences majeures pour devenir un peu plus personnel. Il insiste plus sur le mouvement, sur les visages fermés et décidés, sur les postures viriles des hommes, et les silhouettes cambrées des femmes. L'encrage de Dan Green reste sauvage, comme à grand coup de pinceau, privilégiant une forme de force naturelle, au dépends des finitions. L'effet de contraste trop poussé subsiste dans la reprographie de ces planches. Chaque case semble surchargée du faits de traits non signifiants ou d'ombrages sous forme d'aplats de noir massifs et artificiels.
Larry Hama, Marc Silvestri et Dan Green proposent du comics pop corn et grand spectacle, en insérant quelques éléments historiques à la fois pointus et superficiels, pour une aventure sans complexe, une série Z flirtant avec la série B.