L'avenir appartient aux vivants

Le kitsch ne tue pas et n’est pas éternel, les réécritures au sein des comic books, dont certains univers sont tentaculaires, le démontrant encore et encore : tel est le cas de l’emblématique Wonder Woman, l’opus « Dead Earth » signé de Daniel Warren Johnson (scénario et dessins) consistant en une adaptation résolument moderne de l’Amazone.

Un constat autant narratif que formel, l’intrigue originale (à l’échelle de Wonder Woman) de Dead Earth posant un cadre propice au style particulièrement généreux de l’auteur : bien aidé par la chaude colorisation de Michael Spicer, son trait riche et dynamique puise ses inspirations dans différents genres de BD pour un résultat haut en couleurs (c’est peu dire), à la fois brut de décoffrage, spectaculaire et maîtrisé. Ce qui répond particulièrement bien aux attentes et ambitions de son univers post-apocalyptique, tandis que la puissance (fluctuante) de son héroïne se voit parfaitement mise en scène.

Un brin d’inventivité et un enrobage graphique on ne peut plus probant donc, à même de rehausser les limites inhérentes au registre dans lequel verse Dead Earth, quoique capable de surprendre son lecteur de bout en bout. Avec sa patine un chouïa extravagante, oscillant entre violence débridée et déliquescence monstrueuse, la quête de vérité et le combat d'une Wonder Woman faillible se veulent captivants à souhait, tranchant avec les habituels prérequis et ressort de ses aventures.

La révolution n’est toutefois pas absolue, sa candeur assumée et le propos final de Dead Earth remuant des thématiques communes et (un tant soit peu) niaises, rompant avec le jusqu’au-boutisme de l’œuvre dans son cheminement. Mais ce serait un tort que de bouder notre plaisir, d’autant plus que ces éléments sont davantage cohérents que rédhibitoires au bout du compte. Fort de son atmosphère noire et de ses tableaux réjouissants, Wonder Woman: Dead Earth compose donc une franche réussite et chouette surprise.