Ce tome est le premier rassemblant un épisode de chacune des 6 séries avec des mutants Marvel, lancées après House of X/Powers of X (2019, en abrégé HOX/POX) de Jonathan Hickman, Pepe Larraz et R.B. Silva, qu'il faut avoir lu avant. Ladite histoire raconte de nombreux événements aboutissant à un changement significatif pour toute la population de mutants de l'univers partagé Marvel. Le présent tome comprend 38 couvertures variantes réalisées, entre autres, par Stanley Lau (Artgerm), Chris Bacchalo, Marco Checchetto, Russell Dauterman, Tom Muller, Whilce Portacio, Aaron Kuder, Rick Leonardi, Todd Nauck, Philip Tan, Alan Davis, Kris Anka, Mike del Mundo, Art Adams, Nick Bradshaw, Bob McLeodAdi Granov, Greg Land, Rob Liefeld. À noter 3 couvertures réalisées par Mark Bagley, chacune pour X-Men 1, Excalibur 1, New Mutants, chacune avec plus d'une centaine de mutants représentés.


Uncanny X-Men 1 : scénario de Jonathan Hickman, dessins de Leinil Francis Yu, encrage de Gerry Alanguilan, couleurs de Sunny Gho. Scott Summers a été admis peu de temps auparavant à l'école de Westchester. Charles Xavier lui dit d'ouvrir les yeux : ça marche, les lunettes en rubis retiennent ses rayons oculaires. Xavier lui promet de lui montrer bien d'autres choses encore. Au temps présent, Storm, Cyclops, Magneto, Polaris ont investi une base du groupe Orchis. Ils neutralisent les commandos Orchis et finissent par libérer les mutants retenus prisonniers.


Après la lecture de House f X / Power of X, le lecteur est impatient de découvrir la suite. Les responsables éditoriaux ont choisi de lancer 6 nouvelles séries avec un numéro 1, dont 1 écrite par Hickman, une autre écrite en alternance par lui et Ed Brisson, et l'ensemble coordonné par lui. L'idée est bien sûr d'inciter le lecteur à lire toutes ces 6 séries, un événement important pouvant survenir dans l'une ou l'autre et pas que dans Uncanny X-Men. En fonction de sa sensibilité, le lecteur s'est déjà fait une idée sur les changements apportés par le scénariste : une trahison sans âme, ou un nouvel élan inspiré. Dans les deux cas, il sait que Hickman et les autres scénaristes disposent d'un terrain de jeu bien changé, qui appelle une exploration, avec assez de place et de potentiel pour supporter plusieurs séries. Pour ce premier épisode de la série mère, le scénariste continue de consolider les bases : l'ennemi est l'organisation Orchis dont la raison d'être est de préserver l'humanité normale tant qu'elle le pourra, sans être changée par les mutants. Ces derniers ont créé une nation sur le territoire de Krakoa, un paradis pour les mutants. Hickman montre comment les différents membres de la famille Summers se retrouve : Christopher, Scott, Gabriel. Il est bien sûr question de relation entre père et fils. Les responsables éditoriaux ont choisi d'embaucher Leinil Francis Yu pour cette série. Là encore en fonction de sa sensibilité, le lecteur est plus ou moins enthousiaste. Pour cet épisode double, il semble qu'il ait disposé d'un temps suffisant pour soigner ses pages, et le résultat est agréable à lire, même si le nombre de gros plans sur un visage est assez élevé. Il fait honneur aux visuels créés par Larraz & Silva dans HOX/POX, sans non plus en inventer d'autres. Ce premier épisode est satisfaisant montrant le potentiel de la nouvelle situation des mutants sur Terre, faisant apparaître les nombreux risques qui menacent cette situation jugée paradisiaque par Scott Summers.


Marauders 1 : scénario de Gerry Duggan, dessins et encrage de Matteo Lolli, couleurs de Federico Blee. Il y a quelques temps de cela, Nightcrawler (Kurt Wagner), Storm (Ororo Munroe) et Kitty Pryde sont allés prendre en charge quatre enfants mutants à Central Park. En voulant repasser par le portail pour retourner sur Krakoa, Kitty s'est littéralement cassé le nez dessus : elle ne peut plus accéder à Krakoa par les portails. Du coup, elle décide de rallier l'île en bateau, et elle n'oublie pas de ramener les fûts de bibine demandés par Logan. Après un peu de réflexion, elle finit par accepter la proposition d'Emma Frost : constituer une équipe de mutants pour aller chercher ceux qui par le monde n'ont pas accès à un portail.


C'est parti : première série dérivée, enfin non pas vraiment dérivée, enfin si… Le lecteur sait bien que l'éditeur Marvel va faire fructifier sa franchise mutante tant et plus pour qu'elle rapporte le maximum. C'était déjà le cas avant HOX/POX. Ici, le principe est simple : libérer des mutants qui ne peuvent pas accéder par eux-mêmes à Krakoa. Le résultat est un peu surprenant : Kitty Pryde constitue une équipe qui se déplace en bateau, parce qu'elle-même ne peut plus franchir les portails. Gerry Duggan est un scénariste aguerri et il raconte ça avec conviction, emportant l'adhésion du lecteur, malgré le principe de base un peu bancal (Pourquoi pas un avion de type Blackbird ?). À la fin du premier épisode, l'équipe est constituée : Kitty Pryde et 3 autres mutants, sans oublier Lockheed. La narration est focalisée sur Kitty et sur l'accomplissement de la première mission. Les dessins sont agréables à regarder, sans grande personnalité graphique, mais détaillés et traversés par un bel entrain. Le coloriste fait bien son travail, avec quelques touches de couleurs plus vives, parfois un peu surprenantes dans les tons roses. Cet épisode se lit tout seul et il remplit sa fonction : exposer clairement la dynamique de la série, et offrir une séquence d'action.


Excalibur 1 : scénario de Tini Howard, dessins et encrage de Marcus To, couleurs d'Erick Arciniega. Sur Otherworld (une dimension magique), Morgan Le Fay assure la défense de la forteresse de Camelot avec son armée. Elle n'est pas très satisfaite de son commandant Sir Gaheris, et elle exige de lui de savoir pourquoi les eaux d'Avalon de son puits magique sont envahies par une mauvaise herbe. À l'académie Braddock à Maldon en Angleterre, Betsy Braddock dit au revoir à son frère Brian et sa femme Meggan. Ils évoquent ensemble leur frère défunt Jamie. Betsy franchit le portail et se retrouve à une fête sur Krakoa. Apocalypse observe cette même fête depuis ses appartements, en compagnie de Trinary. Cette dernière le conduit devant le mystère qui leur pose problème : un portail infranchissable.


Alors que l'utilisation du nom Marauders pouvait laisser le lecteur songeur (à l'origine un groupe d'ennemi des X-Men, ayant tué les morlocks), celui d'Excalibur fait sens, ainsi que le lien avec Otherworld et la famille Braddock, Captain Britain ayant été un membre originel d'Excalibur, et étant le protecteur d'Otherworld. Le lecteur pousse rapidement un soupir : il a du mal à croire que l'écriture de Tini Howard puisse à se point manquer de naturel et de rythme. Dans le même temps, il retrouve, avec plaisir ou avec dégoût, la mythologie associée à Otherworld, et la magie correspondante. Le scénario s'avère intriguant et les dessins de Marcus To sont un registre similaire à ceux de Matteo Lolli, mais avec plus de naturel, plus de fluidité et plus de plaisir esthétique. Malgré la narration un peu poussive de Tini Howard, cet épisode s'avère prometteur pour les amateurs de la mythologie associée à Captain Britain, vraisemblablement assez abscons pour les autres.


New Mutants 1 : scénario de Jonathan Hickman & Ed Brisson, dessins, encrage et couleurs de Rod Reis. Rahne Sinclair se plait bien sur Krakoa et en apprécie le calme. Elle a retrouvé Shan McCoy et papote avec elle. Plusieurs autres jeunes mutants sont également présents : Danielle Moonstar, Roberto da Costa, Douglas Ramsey, Illyana Rasputin, Mondo, Jonothon Evan Starsmore. Une partie d'entre eux décident de se joindre aux Starjammers pour rejoindre l'empire des Shi'Ar à la recherche de Sam Guthrie.


Même constat que pour les 2 séries précédentes : la dynamique de celle-ci est claire, à savoir partir dans l'espace pour retrouver un coéquipier et lui annoncer la bonne nouvelle de Krakoa. Il s'agit du fil narratif écrit par Jonathan Hickman dans les épisodes suivants. Il faut attendre l'épisode 3 pour découvrir celui écrit par Ed Brisson. Les dessins de Rod Reis sont toujours aussi agréables (il avait par exemple illustré une partie de Secret Empire) : avec des réminiscences de Bill Sienkiewicz en surface, et une dimension descriptive solide en-dessous. L'aventure dans l'espace est divertissante et facile à suivre.


X-Force 1 : scénario de Benjamin Percy, dessins et encrage de Joshua Cassara, couleurs de Dean White. Domino est en mission d'infiltration dans le comité de direction d'une société secrète anti-mutants et elle se fait repérer. Beast et Wolverine se retrouvent face à un prédateur animal sur Krakoa. Black Tom Cassidy a pris en charge le réseau de surveillance sur Krakoa pour prévenir toute attaque et toute intrusion.


Le lecteur retrouve l'équipe de mutants, chargée des sales besognes : infiltration, mission secrète guère avouables. Benjamin Percy raconte son histoire de manière simple, et beaucoup plus intéressante que Tini Howard. La composition de l'équipe surprend le lecteur, à commencer par le rôle de Black Tom Cassidy sur Krakoa. Il apparaît des concepts qui n'avaient pas été évoqués dans HOX/POX. Dean White nourrit de manière très impressionnante les des traits encrés de Joshua Cassara, au point de souvent les supplanter, ce qui donne une narration visuelle très consistante, bien que parfois un peu sombre. Le lecteur est pris par surprise par la mort d'un mutant de premier plan à la fin de l'épisode, confirmant la complémentarité des différentes séries, car ce décès a des répercussions dans les autres séries.


Fallen Angels 1 : scénario de Bryan Hill, dessins et encrage de Szymon Kudranski, couleurs de Frank d'Armata. Psylocke est maintenant séparée de Betsy Braddock. Elle subit des visions macabres alors qu'elle est en pleine séance de méditation. Elle décide d'aller en chercher la cause au Japon, malgré l'interdiction du gouvernement mutant de Krakoa de se rendre dans ce pays, et elle en parle à deux autres jeunes mutants.


Première surprise : l'auteur utilise le titre d'une minisérie datant de 1987, de Jo Duffy & Kerry Gammill. Deuxième surprise : Betsy Braddock ayant retrouvé son corps d'origine, le mystère de Psylocke redevient entier. Troisième surprise : un récit d'infiltration et d'enquête bien noir, baignant dans un mystère très intrigant qui fonctionne bien. Frank d'Armata abuse encore plus des couleurs sombres que Dean White. Kudranski en profite pour s'économiser de manière significative sur les dessins, mais la narration visuelle remplit son office et le lecteur se retrouve happé par le mystère entourant Psylocke.


Bilan : les 6 équipes créatrices réussissent le pari de donner une identité et une tonalité propre à chacune des 6 séries, sans impression de redite ou de déclinaison en plus fade. L'écriture de certains scénaristes est plus maîtrisée que d'autres, et il en va de même pour les dessins. Pour autant, il n'y a pas d'épisode avec un niveau insuffisant. En fonction de ses inclinations, le lecteur est plus attiré par une série que par une autre, fait le tri entre celles qu'il souhaite suivre et les autres. Il perçoit la coordination entre les séries, assez lâche pour pouvoir n'en suivre qu'une ou deux, assez palpable pour que le présent recueil présente un intérêt, ainsi que les suivants, car l'éditeur Marvel a choisi de publier les 2 formes de recueil : par série comme d'habitude, ou par tranche de numéros (ici tous les numéros 1, dans le suivant le numéro 2 des 6 séries).

Presence
8
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le 8 mai 2022

Critique lue 27 fois

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