xxxHolic, tome 13
7.7
xxxHolic, tome 13

Manga de CLAMP (2009)

Seule une rencontre peut permettre à quelqu'un de changer.

Ce tome est le treizième dans une série qui en compte 19, et qui forme une histoire complète ; il vaut mieux avoir commencé par le premier tome. Il est publié dans le sens japonais de lecture (de droite à gauche), en noir & blanc. Il a été réalisé par le collectif Clamp : Nanase Ōkawa, Mokona, Tsubaki Nekoi, et Satsuki Igarashi. Initialement ces 19 tomes ont fait l'objet d'une prépublication de 2003 à 2011, au Japon.


Watanuki est en chemin pour porter un repas à Kohané ; il est accompagné de Dômeki et Himawari. Chemin faisant, il a une nouvelle vision de Sakura et Shaolan. À la suite de quoi, Himawari indique à Watanuki que Kohané ne fait plus que des prédictions erronées et qu'elle se rend à l'enregistrement télévisé de la dernière chance avec sa mère. Watanuki a l'intuition qu'il doit absolument se rendre au studio d'enregistrement pour éviter un drame.


Après les événements de l'enregistrement télévisé, Yûko a recueilli Kohané, et elle s'occupe de la consoler, avec un résultat des plus inattendus.


Les Clamp commencent par ajouter une petite touche au lien qui unit Watanuki à Sakura, avec une apparition de Shaolan, dont on ne sait toujours pas pourquoi il a payé une compensation pour le rétablissement de Watanuki dans un tome précédent. Puis les 3 quarts du tome sont consacrés à la situation de Kohané, avec là encore un élément qui vient ajouter une connexion entre XXX holic et la série Tsubasa reservoir chonicle. Elles y ajoutent une petite touche sur le passé de Watanuki, en particulier sa curieuse absence de souvenirs.


Le lecteur retrouve une narration décompressée : il ne se passe pas beaucoup de choses, la narration se focalisant plutôt sur l'état émotionnel de Kohané, alors qu'elle est totalement discréditée aux yeux du public. Il en apprend plus sur le père de Kohané et son départ. Le psychodrame qui se joue sous le regard des caméras de télévision est exposé de manière assez plate et longuette, et pourtant les Clamp réussissent à faire ressentir les émotions de Kohané. Le lecteur prend en pitié cette jeune fille prisonnière des attentes de sa mère, voulant bien faire, mais voyant son honnêteté et ses talents bafoués et tournés en dérision. Pour cette longue partie, les Clamp délaissent comme à leur habitude les arrières plans, et se focalisent sur les visages des personnages. Elles montrent avec clarté la force des différentes émotions qui habitent les personnages, de la colère débridée, à la résignation pitoyable.


Par comparaison avec les tomes précédents, les moments de ravissement graphique total sont moins nombreux, mais ils n'en paraissent que plus puissants. Il y en a essentiellement deux : le premier situé au début du tome (avec une nouvelle tempête de fleurs de cerisiers lors de l'apparition de Sakura), le second en fin de volume est à couper le souffle (une séance d'exorcisme en 10 pages de toute beauté).


Les thématiques relatives à la conception de la vie continuent de s'entremêler pour dessiner une image de plus en plus cohérente et convaincante. Au fil des épisodes, les Clamp continuent de contraster les émotions éprouvées par Watanuki vis-à-vis de Dômeki (agacement un peu enfantin), et celles plus graves éprouvées par Yûko, Himawari, Kohané et les clientes de la boutique. Il plane dans cette série une atmosphère romantique typiquement shojo, mêlée à un mélange de douce mélancolie, d'acceptation décillée et d'une légère tristesse.


Dans cette optique romantique, les Clamp poursuivent d'énoncer leur credo en matière relationnelle. Kohané indique comment sa relation avec sa mère s'est décomposée en capilotade. Pour commencer sa mère ne l'appelle plus jamais par son prénom. Ensuite, Kohané est capable de percevoir une fumée noire autour de sa mère, manifestation physique des émotions négatives qui l'animent.


Au travers de Yûko, les Clamp disent haut et fort leur conviction en termes d'évolution personnelle :



  • "Seule une rencontre peut permettre à quelqu'un de changer."


  • "Tout est lié, tout s'entremêle. Même la rencontre la plus insignifiante pourra changer ton esprit et ton corps. Les gens évoluent en fonction de leurs rencontres. Il n'y a jamais de relation à sens unique."



Il s'agit d'une vision où tous les individus sont interdépendants, mais où il n'y a pas de hiérarchisation explicite, ni même implicite. Les Clamp n'en sont quand même pas à embrasser la philosophie postmoderne (tous les points de vue ont le même degré de validité) puisqu'il semble bien qu'il y ait un méchant dans l'histoire.


Les manifestations surnaturelles continuent d'être liées au folklore japonais, ainsi qu'à une conception presque psychanalytique des rêves qui seraient le reflet d'une réalité psychique. En particulier, Watanuki fait tomber ces lunettes au cours d'un rêve et elles y restent, comme si cette vision en songe lui avait ouvert les yeux. Le lecteur aperçoit à nouveau Yûko avec le motif des ailes de papillon, signe annonciateur de changement et peut-être de bouleversements, mais aussi l'écho de la parabole de l'homme qui rêve qu'il est papillon qui lui-même rêve qu'il est homme.


Arrivé au treizième tome, le lecteur est toujours autant séduit par la délicatesse des dessins, la sensibilité avec laquelle les personnages sont représentés, des séquences visuelles en état de grâce, et la maturation lente et inexorable du personnage principal. Il est toujours autant agacé par le peu d'intérêt porté par les Clamp aux décors et aux arrières plans, par le rythme indolent du récit, et par le manque d'épaisseur de certaines intrigues. La lecture de cette série exige de faire l'effort conscient d'accepter la forme de narration choisie par les Clamp, à la fois adulte, parsemée de subtiles nuances, mais aussi oublieuse de certains pans de l'environnement. En ce sens il s'agit d'une œuvre d'auteures qui imposent leur vision de la réalité, sans se plier aux diktats et aux conventions narratives en vigueur.

Presence
7
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le 24 juin 2019

Critique lue 58 fois

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