Ce tome est l'avant dernier dans une série qui en compte 19, et qui forme une histoire complète ; il vaut mieux avoir commencé par le premier tome. Il est publié dans le sens japonais de lecture (de droite à gauche), en noir & blanc. Il a été réalisé par le collectif Clamp : Nanase Ōkawa, Mokona, Tsubaki Nekoi, et Satsuki Igarashi. Initialement ces 19 tomes ont fait l'objet d'une prépublication de 2003 à 2011, au Japon.
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- ATTENTION - Ce commentaire révèle des éléments de l'intrigue des tomes précédents.
Ce tome comprend 3 chapitres de longueur inégale. Chapitre 1 - Dômeki s'installe pour quelques jours dans la boutique. Watanuki fait le constat que cela fait 10 ans qu'ils se connaissent. Dômeki a ramené les courses, dont des épinards. Watanuki prépare le repas auquel sont invités Dômeki et Kohané. Cette dernière suit des cours à la fac, dont ceux de Dômeki, elle évoque le remariage de sa mère. Watanuki explique qu'il a un client en ce moment même que les autres ne peuvent pas voir. La résolution de cette affaire va donner lieu à un conflit de grande ampleur pendant la nuit.
Chapitre 2 - Une nouvelle cliente demande l'aide de Watanuki. Elle souhaite se faire aimer d'un homme à tout prix, y compris aux dépends de ses proches, ou de la femme avec qui elle subodore qu'il est lié. Chapitre 3 - Watanuki reçoit la visite pendant 5 jours de 4 personnages de Tsubasa : Shaolan, Mokona blanc, Kurogané, et Yui (Fye) D. Flowright. Cela lui inspirera la forme de sa nouvelle signature.
Les Clamp poursuivent l'histoire de l'évolution de Watanuki. La légère ellipse temporelle entre ce tome et le précédent permet au lecteur de constater sa prise d'assurance. Il est devenu plus directif avec Maru & Moro, et plus autoritaire vis-à-vis de Mokona. Son langage corporel a également évolué, plus assuré, un peu hiératique, avec un soupçon de tristesse et d'ironie contenue : tout le portrait de Yûko. Il a aussi appris à se reposer sur les autres.
Le début du tome permet d'apprécier la solitude croissante de Watanuki. Alors que dans la première moitié du récit, il croisait régulièrement de nouveaux personnages (par exemple la petite fée de la pluie et la zashiki-warashi), il ne rencontre plus que les nouveaux clients, juste le temps de s'occuper de leur souhait. Dans l'entourage de Watanuki, il ne reste que Maru & Moro (pas vraiment des individus à part entière), Mokona (facétieux et donneur de leçon, irrémédiablement étranger), et les visites de Dômeki. Kohané ne vient plus que de temps en temps, et Himawari une seule fois par an (pour des raisons exposées dans le tome précédent).
La prise en charge du client constitue une affaire d'une nature plus viscérale et plus émouvante que les précédents. Dans un premier temps le lecteur est dérouté par le fait que seul Watanuki puisse voir son client. Serait-il en train de perdre le contact avec la réalité ? C'est l'avantage des séries dont le personnage ne reviendra pas pour encore 60 tomes (ou épisodes) ensuite : le lecteur ne peut pas être sûr qu'il s'en sortira sain et sauf, ou au moins indemne, ou que l'histoire prendra une tournure inattendue bien que latente dans les tomes précédents.
Cette affaire débouche sur une confrontation violente et éreintante inattendue. Les Clamp se lâchent pendant 14 pages d'affrontement très physique et très dynamique. Ce choix est justifié par la nature même du client et des violences auxquelles il a été soumis. Les Clamp réalisent un récit formant un plaidoyer contre la souffrance infligée aux individus sans défense, aussi onirique et fantastique, que poignant et accablant. Elles évoquent le côté destructeur des émotions négatives comme le chagrin, la douleur, la tristesse, la haine, la rancune (le discours de la mamie voyante).
La deuxième affaire éclaire un nouvel aspect de l'évolution de Watanuki. Non seulement il est capable d'un niveau de discernement similaire à celui de Yûko, mais en plus il a appris à dire non. Les dessins montrent une jeune femme très chic, sans être ostentatoire, avec une petite mine mignonne et butée. Les Clamps montrent une personne qui sous couvert d'amour est entièrement refermée sur elle-même, au point d'interpréter la réalité uniquement de son point de vue.
La dernière affaire sert à faire le point sur le lien qui unit cette série avec "Tsubasa Reservoir chronicle". S'il ne lit pas cette dernière, le lecteur reste sur la conclusion de Watanuki de la deuxième affaire : "J'ai exaucé un nombre incalculable de vœux, mais les plus complexes restent toujours ceux liés aux désirs humains. Et je ne fais pas exception à la règle.", (avec une forme de papillon dans l'œil, page 144). À nouveau le lecteur ressent la tristesse sourde de Watanuki de plein fouet, comme si elle était la sienne. La douceur de ses gestes n'enlève rien à la meurtrissure de son âme.
Ce tome dresse un portrait toujours plus émouvant de Watanuki, individu obligé de grandir, de devenir adulte avec la tristesse indissociable de la perte de ses illusions, sans oublier les composantes intangibles de son caractère. Le lecteur retrouve avec plaisir la cuisine de Watanuki, au menu : des umeboshi (prunes salées), de l'umeshu (alcool de prunes), du riz cantonnais aux épinards, et de la soupe aux épinards. Les Clamp consolident également la structure de leur récit au long cours, avec Dômeki allant chercher un objet dans la boutique où Watanuki avait apporté la cage aux oiseaux de Lune (tome 6).
Enfin pour les lecteurs distraits, les Clamp intègrent un résumé (très synthétique) des épisodes précédents et du principe de la série en première page du récit.
- Le monde est plein de mystères, cette boutique en est un. Ici on exauce les vœux, le patron a décidé d'arrêter son propre temps. La boutique existe réellement, mais elle est cachée aux yeux de la plupart des gens. Elle n'apparaît qu'à ceux qui en ont besoin. Alors ils entrent, et rencontrent le patron captif de ces lieux. Vous pouvez formuler n'importe quel vœu du moment qu'il est à portée du patron, et que vous êtres prêt à payer une compensation. -