La tourbe de mon enfance...
Et de quatre ! Quatre amoureux, plus ou moins romantiques, qui courent (parfois de loin !) derrière la croupe d’Ambre, il est vrai de plus en plus souvent dénudée, ça motive. Après Cloduar, Milon et César, voilà le costaud Yorc qui file doux devant la rousse orageuse !
Ambre se révèle nostalgique de son village natal, et, en plusieurs mouvements, cet album décrit la reconnaissance progressive par Ambre de sa région natale. On appréciera ce moment de grâce qu’est l’éloge de la tourbe régionale par Ambre (planche 1) et la scène de semi-farce bien odorante qui la suit (planches 2 à 4). Comme on est en été, Mitton s’épanouit dans les nudités, spécialement pendant des combats (planches 6 à 8, 35 à 37), mais aussi pendant une scène d’orgie pédophilique (planches 22 et 23).
Côté faiblesses, le thème du druide fanatique devient un peu systématique (planche 9) ; on peut se demander comment – si telle était la réalité – les peuples locaux pouvaient supporter cinq minutes ces ayatollahs inquisitoriaux sans les égorger aussi sec ; par ailleurs, l’attitude morale des personnages vis-à-vis de la sexualité sombre dans la complaisance moralisante inspirée des délicatesses bornées de notre époque : le druide somme Ambre de se vêtir (planche 9), comme s’il était inspiré par une idéologie chrétienne-puritaine-refoulante, ce qui est pour le moins anachronique ! Et les réactions de Milon et de Cloduar face aux orgies pédophiles relèvent bien plus de nos préjugés contemporains que des réalités d’une époque, où la seule honte sexuelle était le rôle d’homosexuel passif (planche 21). Et Ambre elle-même qualifie de « sales » les hommes qui se délecteraient de la voir nue (planche 34). C’est quoi, cette morale victorienne ?
Cloduar, qui ne brille pas habituellement par son QI, se permet de qualifier de « superstition » les chênes sacrificiels des druides (planche 13) ; on ne savait pas qu’il s’était inscrit à l’Union Rationaliste. Cloduar ressemble encore davantage à Obélix, dans la mesure où il devient personnage de farce : on ironise sur son appétit (planche 14), on le transforme en fumaison (planche 17), on le transforme en énorme bébé grotesque (planche 27), on le fait vomir pendant toute la deuxième moitié de l’album. Il a même droit (planche 23) à la seule intervention "off" des auteurs eux-mêmes, qui semblent lui vouer une sympathie certaine.
Outre les rotondités postérieures et les pilosités antérieures, Mitton fait du beau travail : palais d’Algar sur une île (planche 10) ; les bijoux divers, les armes et armures, voire les peintures et traces corporelles sont représentés avec raffinement (planches 32-33, 40, 43).
Quant « La Guerre des Gaules », de César, on retrouve le contenu du Livre III, chapitres 8 à 16 à partir de la planche 41 (Guerre contre les Vénètes).
On attend avec humour le moment où les quatre mecs accros à Ambre vont se retrouver au même endroit, au même moment...