Cela partait pourtant d’une bonne idée. Enfin, du moins, pas trop mauvaise. Un type veut venger la mort de Pegasus. Pourquoi pas, du moment que c’est bien fait. Et, évidemment, on voit où je veux en venir : ce n’est pas bien fait.
Mais commençons, si vous le voulez bien, par le début, histoire de comprendre l’ampleur du drame.
Alors que Yûgi et ses amis sont à l’école (pour une fois), la fin des cours sonne (ah, évidemment). Précisions : quand je parle des amis de Yûgi, Bakura et Otogi ne sont pas là, ça va de soit ! Premier point négatif.
D’un coup, un type à l’air mauvais apparaît dans les airs, défie Yûgi de le rejoindre sur le toit pour un duel. Là, il le bat avec une carte inédite créée par Pegasus pour « contrer le pouvoir des Dieux ». Oui, en deux pages, ils ont eu le temps d’invoquer trois monstres à sacrifier pour invoquer chacun leur dieu, c’est rapide.
Mais résumons ce que l’on savait avant. Pegasus avait créé trois cartes divines, mais, effrayé par leur pouvoir, il les avait scellées quelque part dans un trou perdu en Egypte, sous la surveillance de l’organisation gérée par Isis Ishtar. Bon, après, son frangin va faire des siennes, mais à l’origine, c’était plutôt une bonne idée.
Ainsi, peu de monde ne connaissait l’existence des cartes divines, et Pegasus pouvait se sentir soulagé qu’elles ne soient jamais révélées au grand jour, et encore moins utilisées. Du coup, pourquoi aurait-il eu l’idée farfelue de faire des opposants encore plus puissants car maléfiques ? Et d’où tirent-ils leur invention, aucune tablette égyptienne ne les montre, que ce soit dans ce manga (où un flash-back astucieux aurait suffi) ou dans le manga d’origine. Deuxième et troisième point négatif.
Continuons. Pour mener à bien son mystérieux projet secret, Yakô Tenma, le méchant, enlève Anzu. Enfin, pour être exact, montre qu’il l’a enlevée bien longtemps auparavant, dans la journée, puisque l’Anzu qui se trouve avec Yûgi n’est qu’un hologramme fort ressemblant ! Tadam. Depuis le temps qu’on attendait qu’elle serve de demoiselle en détresse…
Quatrième point négatif.
Mais comment fait-il tous ces trucs virtuels ? Grâce à la Kaiba Corp ! Comme Pegasus avant lui, Tenma a essayé de s’emparer de la société du rival de Yûgi, et contrairement à son maître révéré, il a réussi. Un air de déjà-vu ?
Cinquième point négatif.
Heureusement que le plan secret et mystérieux de Tenma ne ressemble pas à celui de Pegasus. Oh, attendez. Que veut-il faire ? Ramener son maître à la vie. Oh.
J’arrête de compter.
Pour cela, il lui faut la mémoire des cartes présentes dans la technologie de la KC, car l’âme de Pegasus serait éparpillées à travers les milliers de bouts de cartons existants. Il lui faut aussi un corps humain qui ne soit pas duelliste. Et, tant qu’à faire, faut que ça embête Yûgi, donc prenons Anzu.
Sauf que.
Sauf que, bien qu’on ne le voit peu, Anzu EST duelliste. Certes, elle n’a pas fait de tournoi. Mais elle a déjà battu Jôno-Uchi lors de partie plus ou moins entre (ou pendant) les cours. Donc, bon, ça fait quand même une grave erreur de cohérence, un gros défaut dans le plan, mon petit Tenma.
De plus, peut-il vraiment croire que Pegasus aimerait revenir sur Terre dans le corps d’une jeune lycéenne ? Sérieusement ?
Mais bon, passons. Arrivé sur place, Yûgi et Jôno vont enchaîner des duels insipides et bâclés. Ils doivent battre 13 « Card Professors » supposés être une bande élitiste de duellistes. Un à deux chapitre suffira pour les battre, en moyenne. Kaiba se mêlera de la partie un peu après, voulant sauver son entreprise, quand même, mais perdra face à Tenma.
A un moment, Yûgi doit réaffronter Tenma, et l’on découvre que ce sont des jumeaux, quand il perd. Un gentil (bah oui, il perd face au héros, il va donc l’aider, on a l’appeler Tenma2) et un méchant (celui qui a gagné, bouh, le vilain Tenma1 !).
L’occasion est venue d’apprendre les véritables raisons de l’aigreur de Tenma1 envers le petit Yûgi. En fait, comme on le sait tous Pegasus est mort à la fin de l’arc Duelist Kingdom, son cadavre énucléé resté à sa table de duel. L’explication la plus simple serait donc que Tenma1 croit que le coupable est Yûgi, ce vil meurtrier ! Mais non. Là encore, on va faire en sorte de violer sauvagement l’oeuvre originale. Déjà, quand Tenma1 se rend sur les lieux, le cadavre a disparu. Comment ? Mystère. Ensuite, ce n’est pas Tenma1 qui a affirmé la culpabilité de notre héros, c’est… Bandit Kierce. Celui-là même qui est mort suite à un Jeu de la Sanction.
Et qui a engagé les Cards Professors et va tenter de prendre sa revanche sur Jôno. Cool.
On se rend rapidement compte qu’il n’y a pas grand chose à sauver dans Yu-Gi-Oh ! R… Même le dessin, proche de celui de Kazuki Takahashi, accuse certaines faiblesses dramatiques sur certaines expressions (notamment quand les personnages sont surpris ou choqués, ce qui arrive souvent, mais je les comprends; moi aussi, j’ai été choqué, en lisant ce truc). Reste le design des monstres, dont ceux des Wicked Gods (malgré ce que l’on peut reprocher à leur existence).
L’histoire n’apporte rien si ce n’est des incohérences, aucune révélation sur le passé du Pharaon, les apparitions de Kaiba sont aussi utile qu’Otogi, et Tenma est aussi charismatique qu’une huître sans perle. Bref, rien de bien folichon à se mettre sous la dent : largement dispensable.