Prégénérique splendide : en pleine fête des morts, à Mexico, Bond, déguisé en squelette, entraîne une belle femme dans un hôtel pour mieux la laisser attendre (« Je reviens dans cinq minutes ! »), le temps de poursuivre un méchant jusqu'à un hélicoptère qui menace de s'écraser sur une foule terrifiée. Depuis longtemps, un 007 n'avait pas si bien démarré...
Spectre reprend les choses là où Skyfall les avait laissées. C’est-à-dire en triste état. Le MI6 est un champ de ruines, où l’espionnage "à l’ancienne" est menacé par les nouvelles technologies du renseignement. Gareth Mallory (Ralph Fiennes), le nouveau M, est dans le viseur de Max Denbigh (Andrew Scott), un émissaire arrogant du ministère de l’Intérieur. Car le monde a bien changé ! Plus informe, plus uniforme. Les drones et non les hommes éliminent, désormais, le terrorisme. La section 00 qui donnait le droit de tuer à quelques agents triés sur le volet est quasiment obsolète et M est aux abois. Quant à Bond, il fait du Bond...
Se payer une seconde fois le prestigieux réalisateur Sam Mendes témoigne d’un vif désir d’entretenir la flamme ravivée par le sacre de Skyfall, considéré comme l’un des meilleurs épisodes de la saga et le premier à avoir engrangé plus d’un milliard de recettes en 2012. Cette 24ème aventure continue donc sur la même lancée, avec une intrigue liée à la fin de Skyfall, qui révèlera à nouveau le passé du héros et offrira à son équipe ses instants de bravoure...
La limite de Spectre, s’il faut chercher la petite bête, c’est d’arriver après Skyfall. Un James Bond qui n’était pas tout à fait un James Bond. Mélancolique, nostalgique, par moments désespéré. Ce 24e opus est moins profond, moins émouvant. Mais définitivement captivant, à sa manière, plus glamour, souriant aussi, sans tomber dans les travers kitsch de l’ère Roger Moore. Ici, c'est le suspense et l'espionnage qui priment sur l'action confirmant ainsi un retour aux fondamentaux des premiers films...
On a donc affaire ici à un James Bond de première classe, superbement mis en scène par un Sam Mendes inspiré. Des ruelles étroites de Rome au désert du Maroc, des Alpes Autrichiennes aux lumières nocturnes de Londres, Sam Mendes et son équipe en mettent plein la vue et on guette avec gourmandise les clins d’œil à la mythologie d’un héros qui n’en finit plus de renaître de ses cendres. Et si Daniel Craig a toujours du mal à desserrer les mâchoires, il reste le 007 le plus convaincant depuis Sean Connery !!!