Spectre tente de retrouver la maestria de Skyfall en convoquant son metteur en scène Sam Mendes dans un opus synthèse complètement désincarné des quatre précédents épisodes.
007 Spectre a longuement attendu Sam Mendes. Renonçant tout d’abord à la mise en scène d’un second opus consécutif après le succès public et critique de Skyfall, la production laissera ainsi au metteur en scène le temps de se consacrer à ses activités théâtrales avant de se replonger dans 007 Spectre. John Logan, coscénariste du précédent opus est également rappelé pour tenter de conclure l’arc du Bond de Daniel Craig débuté avec Casino Royale dans ce qui paraît comme un ersatz désincarné du grand Skyfall. Ce vingt-quatrième opus reproduit ainsi l’erreur commise avec Quantum of Solace, qui s’était déjà contenté de singer sans inventivité la brillante recette de Casino Royale.
Opus fantôme
007 Spectre débute par un impressionnant plan séquence qui aurait pu l’être un encore plus s’il s’était avéré véritablement tendu. Parce que derrière l’imposante maîtrise technique de Sam Mendes, rien ne paraît de cet impressionnant tour de force dévitalisé qui annonce ainsi à son propre insu le vide total de cet élégant opus. Parce qu’il tente de renouer avec l’imposant Skyfall, ce vingt-quatrième opus en brasse tous les thèmes : De la citation d’ouverture, ici affligeante de platitude des “morts sont vivants” , à la fratrie dysfonctionnelle en passant par un MI6 aux méthodes à bout de souffle devant une fois de plus prouver de son utilité, tout ce qui faisait le sel du précédent opus est ici remâché sans aucune grandeur mais une efficacité froide et complètement désincarnée.
Parce que même en l’absence de Roger Deakins, 007 Spectre demeure un bel objet de cinéma. Le film conserve ainsi l’esthétique glaciale de Skyfall pour des plans superbes s’étirant inutilement sur une intrigue fade, et comme l’était déjà Quantum of Solace, en pilote automatique. Parce que le film de Sam Mendes va même jusqu’à reprendre les grandes lignes du récit de son prédécesseur, il applique ainsi une recette dénuée d’intelligence, se contentant de dérouler sa maigre aventure devant pourtant conclure un arc et en délivrer une synthèse. Et c’était bien trop demander à 007 Spectre qui en plus de peiner à retenir l’attention et de nous présenter de nouveaux personnages, se trouve ainsi affublé de la lourde charge de faire quelque chose de son récit.
Acteurs désincarnés
Quelle peine de voir ainsi Léa Seydoux tenter d’égaler le personnage d’Eva Green dans son rappel à la raison d’un Bond ici poursuivi par l’imposant Dave Bautista, homme de main que la saga a voulu faire revenir comme une tradition et un clin d’œil aux précédents opus, ici doté d’un physique certes impressionnant mais se révélant tout aussi dévitalisé que le reste du projet. Parce qu’en convoquant en plus hors de ses bureaux la nouvelle équipe du MI6, le film n’en fait rien que l’amusante incarnation de Q aujourd’hui sous les traits du talentueux Ben Whishaw, qui offre ainsi un peu de couleurs d’un film à la beauté glaciale qui se paye le luxe d’ajouter des noms comme Monica Bellucci et même de se payer les services de Christoph Waltz en antagoniste pour ne malheureusement pas leur offrir grand chose à incarner.
Parce que 007 Spectre se rêverait en synthèse des trois précédents opus, Christoph Waltz porte ainsi le poids de succéder aux deux grands acteurs et antagonistes qu’ont successivement campés Mads Mikkelsen et Javier Bardem. Malheureusement, comme le reste du casting, l’acteur autrichien multirécompensé pour ses prestations chez Quentin Tarantino ne demeure qu’un pâle ennemi, même lorsqu’on lui revêt le nom et les attributs d’une némésis incontournable de James Bond. Parce que 007 Spectre, malgré son indéniable beauté et sa formidable maîtrise technique se revêt d’habits trop grand pour lui, ne se contenant de n’être qu’un élégant spectre de Skyfall. Vaisseau fantôme désincarné et dévitalisé, le film se paye ainsi le luxe de rater son final ressemblant plus à un mauvais escape game qu’un véritable affrontement.
Derrière ses luxueux atouts, 007 Spectre n’est ainsi que le fantôme de Skyfall, ersatz désincarné et dévitalisé jusqu’à la moelle d’un opus qui revêt en plus des habits bien trop grands pour lui. Aussi beau que froid, ce 007 Spectre n’est ainsi qu’un vaisseau fantôme, et même si selon ca citation les morts parlent, le film aurait finalement dû se contenter de les laisser dormir.
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