Depuis 10 ans, les fans de la série demandaient un retour aux fondamentaux. Le Bond rebooté avait occupé les 3 premiers épisodes du come-back de l'agent 007 sous les traits de Daniel Craig. C'est chose faite avec 007 SPECTRE. Symboliquement, le film s'ouvre par une belle confiserie en forme du gunbarrel traditionnel pour la première fois depuis 2006. Pendant une première heure solide, le spectateur découvre une aventure qui aurait pu commencer là où s'était achevé Casino Royale. Daniel Craig incarne si l'on peut dire "enfin" James Bond et son humour tout british, plus cool et décontracté, enfin débarrassé de la psychologie qui pouvait encombrer Skyfall. Mendes assure dans cette première partie avec brio une sorte de best of assez plaisant, avec des hommages réguliers aux meilleurs moments de la saga (le siège éjectable de la DB...). Les enjeux semblent également prometteurs : la section 00 est promise au rebus, remplacée par un programme de sécurité très "1984". Le sommet du film est atteint au bout d'une heure avec l'infiltration d'une société secrète et la première apparition glaçante de Christoph Waltz, dans une séquence toute kubrickienne. Et puis, tout s'écroule, les enjeux passionnants développés dans la 1ère partie sont dans la 2ème, résolus à coups de ficelles scénaristiques grossières. Mendes est encore très à l'aise pour développer les personnages et la relation amoureuse de Bond avec Madeleine est crédible. Mais, les scènes se sabordent les unes après les autres, n'ont pas tant qu'elles soient ridicules mais elle s'oublient illico, le scénario étant trop occupé à bacler la continuité forcée entre les 4 épisodes. La 2ème apparition de Waltz est génante... Les scènes d'action ont moins de saveur ni d'inventivité (la montre explosive ? non mais vraiment...). C'est la limite de Sam Mendes, plus à l'aise dans le développement d'un univers aux tonalités sombres, assisté en cela par la très belle photographie d'Hoyte Von Hoytema que dans le montage nerveux, on regrette alors même le Marc Foster épileptique de Quantum. On reste finalement sur sa faim. A la fin de Skyfall, il me semblait que l'intérêt majeur du reboot incarné par Craig était de faire de Bond un loup solitaire, isolé dans un monde de plus en plus aseptisé. L'épilogue de 007 Spectre laisse lui un goût amer, Craig semblant même dire adieu à son personnage. Un Bond en arrière...
Post Scriptum : pourquoi dans la minable scène d'exfiltration au Maroc avoir dépensé le budget d'un film entier pour la plus coûteuse scène d'explosion du cinéma ? Explosion que j'ai pris pour un effet numérique...