Ce Spectre me laisse un goût amer. Au delà de l'élégante mise en scène de Mendes, il ne reste qu'un Bond qui clôt mollement l'intrigue de l'organisation et qui ne raconte pas grand chose.
Pourtant ça démarre bien, un rythme lent et maîtrisé, une intrigue qui se met doucement en place mais qui retient notre attention, la réalisation iconique permettant de rentrer facilement dans le sujet. La séquence de Mexico à défaut d'impressionner en terme d'action surprend par son ambiance et le passage à Rome est d'une classe sans faille. La manière dont Mr.White est intégré à l'histoire est intéressante aussi, encore une fois dans de sublimes décors. Cependant plus on avance dans le récit, plus on perd en intérêt, parce que les révélations ne sont tout simplement pas à la hauteur. La faute, en partie, à un méchant ridicule et pourtant magnifiquement introduit, - Spoiler : animé seulement par la vengeance (encore) et dont la seule particularité est d'avoir connu James plus jeune -et bon sang ça n'apporte absolument rien- - Rien de plus sur l'organisation si ce n'est qu'elle est derrière tout les malheurs du monde, ça tente de lier vaguement les précédents épisodes mais là encore on se demande l'utilité puisqu'il n'y a pas plus de recherche que cela. C'est posé là puis on passe à autre chose.
Le film souffre aussi des codes que la saga lui impose, les deux scènes de cul avec les Bond Girls sont terriblement mal amenées, Monica Belluci n'a aucune utilité (ENCORE) et la pauvre Lea Seydoux doit composer avec un rôle de constipé, de quoi donner le bâton pour se faire battre. A ma surprise je l'ai trouvé plutôt classe.
Plus énervant, les nombreuses facilités pour raconter cette histoire, qui ne masque pas le manque d'inspiration criant de Spectre. Outre le passage du train terriblement convenu, - Spoiler : toute la séquence de torture sophistiquée dans une base perdue au fin fond du Maroc est gratuite, le fonctionnement me laisse dubitatif, l'évasion d'une facilité déconcertante. Bref l'explosion est superbe. - Tout ça pour déboucher sur un final laborieux, certes bien foutu, mais dont les rouages laissent à désirer - Spoiler : (Seydoux qui se fait prendre, tout cette mise en scène pour piéger 007 dans l'ancienne forteresse de M...) -
Ça se laisse suivre évidemment, l'habillage étant plaisant mais quel dommage de passer autant à côté du sujet pour le centrer sur le personnage de Bond de manière superficielle. Skyfall l'avait bien fait précédemment, QoS tentait une approche intéressante de l'organisation, ici on se retrouve coincé entre les deux et en sortant de la salle on se dit que tout ça n'avait guère d’intérêt.
Pour la toute fin, elle aurait pu être intéressante si la suite n'était pas envisagée mais on sait très bien comment ça va se passer
- Spoiler : soit Lea Seydoux saute dans les premières minutes du prochain, soit Bond la tue sans nous le dire et on ne reviendra jamais dessus -
Ça peut paraître sévère mais c'est surtout parce que l'on pouvait espérer beaucoup mieux, le film a pris la mauvaise direction de Skyfall en ne brodant une histoire qu'autour du vide.
Pour sa première partie élégante, sa bonne réalisation et car sur le moment on ne passe pas un mauvais moment