Scooby-doo, inceste et palimpseste

Encore un film à la photo jaune. Habituelle chez Mendes. Mais on n'est pas là pour parler cinéma.
Cinéphile et Bond fan depuis l'adolescence, j'ai donc toujours distingué la qualité d'un Bond de la qualité intrinsèque du film.
Un Bond, c'est comme les Scooby-doo : on les regarde pour le motif, pour s'amuser du palimpseste, y retrouver la recette, et ses subtiles variations.
Avec Casino Royale, on est passé au prequel, du palimpseste à l'inceste : on y violait éhontément la matrice. Pour aller où ? On ne le savait pas et c'était assez énervant (Quantum of solace). Dans Skyfall Mendes y calait une histoire familiale lourde pour en faire un des meilleurs films de la série tout en étant un des plus mauvais Bond pour Bond fan (comme ce film où Daphné et Fred s'embrassent, où il y a de vrais fantômes). Toutefois, comme le baiser à Moneypenny dans Au service secret de sa majesté, la transgression était payée au prix fort (la mort de M cette fois ci).
Spectre rebat un peu les cartes : la gestation de Bond est finie : il boit des Vodka martini shaken not stirred, on y voit une Aston Martin, une scène de bagarre en train (oui !), un Bond entravé sur une table pour y être torturé à la Goldfinger, tout cela fait plaisir : on retrouve la matrice et le palimpseste.
En revanche, on se demande bien pourquoi penser qu'inscrire Bond dans un récit familial (là aussi, on repense à ces recherches généalogiques autour des Bleuchamps dans Au Service secret de Sa Majesté) serait plus intéressant que l'écriture en motif que l'on espère désormais retrouver, dieu merci. Parce que donner une profondeur psychologique à Scooby doo ne rendra pas forcément l'épisode plus intéressant aux yeux du Scooby-fan, au contraire.
Comprenez moi bien, on se contrefout que ce soit un bon film ou non, la question est : est-ce un bon Bond ?
Malgré le jaune, malgré les transgressions (pas de Bond girl tuée, pas de fin dans l'eau,..) ce Bond a l'avantage de justifier les erreurs précédentes. Voir Blofeld, son chat, sa cicatrice, la promesse d'une chaise roulante et d'une évasion nous annonce que, oui, James Bond will return. Enfin.