Est-ce le dernier James Bond avec le réalisateur Sam Mendes aux commandes et Daniel Craig dans le rôle phare ? Tout le laisse à croire dans ce dernier opus. Le film n’est que déception.
Déçu par la musique du générique de Sam Smith (Writing's on the wall). C’est une belle mélodie mais qui manque de panache, de majesté. On regrette tous le magnifique Skyfall d’Adèle, succès planétaire.
Déçu par l’histoire d’amour. Sam Mendes n’est pas un réalisateur de l’érotisme, lui ce qui l’intéresse c’est de filmer les relations entre les personnages. On sent fort qu’il s’oblige à tourner les scènes sensuelles sans aucune envie. Il n’arrive pas à faire prendre la romance qui reste très plate avec un jeu trop naïf proposé par Léa Seydoux (la James Bond Girl). Pourtant Bond est sensé pour la première fois être prêt à quitter son boulot pour cette femme mais la magie entre les deux personnages ne prend pas.
Déçu par le scénario trop convenu. Pourtant la scène d’introduction commençait bien, avec un long plan séquence très bien rythmé et chorégraphié. Mais Sam Mendes en revient vite à un scénario trop classique où les rencontres dans des lieux improbables mettent notre héros sur la piste d’autres rencontres. Bond avance ainsi dans l’histoire de case en case, pour se rapprocher du dénouement comme s’il jouait à un simple jeu de l’oie. Il n’y a aucune originalité dans la mise en place des protagonistes et des décors. Alors oui, ces derniers sont impressionnants mais trop caricaturaux, la base secrète dans le désert et le chalet dans la neige c’est vu et revu. Le réalisateur confond imposant et grandiose.
Déçu par le manque de tension dramatique. Spectre retourne dans les anciens travers de la saga. En effet à aucun moment le danger n’est réel pour Bond. A l’image d’une scène dans l’introduction où il tombe d’un toit pile dans un fauteuil, Bond se sort de toutes les situations sans aucune égratignure. Alors c’est certainement un effet comique mais c’est ce genre de scène qui retire tout l’enjeu dramatique du film. En effet comment s’intéresser à un James Bond à qui il ne peut rien arriver de dommageable. Justement Dans Casino royale et dans Skyfall, le parti pris était que James Bond n’était pas invincible, certains actes peuvent profondément le blesser, et cette nouvelle lecture du mythe donnait de l’ampleur aux intrigues et leur donnait une dimension passionnante car on pouvait s’identifier à Bond, à ses faiblesses. Ici les méchants sont tellement caricaturaux et burlesques, qu’ils ne nous font pas croire un instant qu’ils pourront atteindre James Bond à qui de toute façon rien ne peut arriver. Les scènes improbables sont drôles mais par manque de réalisme le film devient creux, sans enjeu et donc sans intérêt.
Maintenant, tout n’est pas mauvais. Spectre reste un très bon divertissement. Il déçoit surtout par la comparaison avec le chef d’œuvre qu’était le précédent épisode (Skyfall) qui atteignait une certaine perfection. Le nouveau casting (M, Q et Monney Penny) est d’excellente facture et prend une place importante dans le scénario ce qui rafraichit l’ensemble.
En conclusion, le film n’est pas mauvais mais il sent terriblement l’effort et la difficulté de renouvellement. Sam Mendes atteint clairement la fin de sa force créatrice. Daniel Craig a déclaré à un magasine britannique : «je préfère m’ouvrir les veines plutôt que de rejouer un James Bond ». Il semble bien que ce James Bond, à bout de souffle, soit le dernier de la collaboration entre cet acteur et son réalisateur, et tant mieux car ce serait dommage de gâcher la nouvelle vision qu’ils ont su insuffler à la saga. Les quartes opus (Casino Royale, Quantum of Solace, Skyfall et Spectre) amenèrent une incroyable nouvelle dimension au mythe James Bond. Je leur tire mon chapeau bas en espérant que cette aventure s’arrête ici avant de devenir un désastre.