C’est bizarre comme de nos jours on ne peut plus attaquer le consumérisme sans prendre le consommateur dans le sens du poil : on lui fait un joli film très appétant, sans misère qui ne soit futile, pas du tout culpabilisant & qui le fera au pire sourire avec un “c’est vrai que le monde dans lequel on vit est bizarre, quand même”. Le film lui-même n’est pas un spécimen d’art & d’essais révolutionnaire : il est conçu pour marcher au cinéma &, au fond, prend son sujet aussi peu au sérieux que ses personnages se prennent eux-mêmes au sérieux. Format YouTube, pouce bleu, y’a plus rien à voir.
On n’attend pas d’un film superficiel qu’il creuse son idée, forcément. Pourtant 100 Dinge prend des risques qu’on négligera aisément : derrière l’encombrant chassé-croisé potache des frères ennemis, il y a un parallèle réfléchi entre les générations d’après 1989 qui met davantage en abyme la société actuelle que la moquerie commerciale : trop performants dans le monde d’aujourd’hui, les Allemands ne sont qu’à trois décennies d’une époque où tout était différent & il est bon de voir que Wolfgang Becker n’est pas le seul à savoir le mettre en images. Même si le film n’a pas de courage & n’arrive pas à faire tenir la moindre fibre dramatique en place.
Florian David Fitz (je dis le nom entier car j’ignore comment séparer nom & prénom) adopte donc un traitement simple : passer le superficiel à la moulinette de ses propres absurdités. Le résultat est gentillet, dira-t-on, voire légèrement hypocrite, mais on doit lui accorder qu’il n’a pas franchement cherché à cibler son public : entre grain de philosophie (dans une société de consommation, est-ce que ce sont nos biens qui nous possèdent ?) & un humour qui tient à rester bon-enfant (des adolescents trentenaires, c’est relativement nouveau), l’œuvre semble destinée à chiffonner tout spectateur pour une raison ou une autre.
Allez, tranchons positivement, ne serait-ce que pour avoir osé parodier Zuckerberg (David Zuckerman, really?) dans la position du jeune magnat qui entraîne l’avenir du côté obscur de l’Atlantique.
→ Quantième Art