Profiter de l’histoire d’un conteur pour réaliser un documentaire sur la culture aborigène n’était de loin pas une mauvaise idée. Malheureusement, le récit narré dans ‘Ten Canoes’ n’en est pas vraiment un, et sert plus de prétexte au portrait de la vie des aborigènes que de vecteur au récit.
En premier lieu, le scénario déçoit très fortement. Non seulement le narrateur prend son temps et le récit souffre d’un rythme particulièrement lent, mais les péripéties de la tribu aborigène ne sont absolument pas passionnantes. En outre, il est très vite évident que la morale de l’histoire contée par Minygululu sera très éloignée des préoccupations de son jeune frère, et des nôtres. Alors effectivement la sentence finale appelant à faire preuve « patience » est plutôt intelligente, mais une partie des spectateurs a déjà perdu la sienne.
Parallèlement, la dimension de documentaire peine à trouver son public. Certes le procédé de fabrication des pirogues est intéressant, mais il est occulté par le conte. De toute façon, ‘Ten Canoes’ ne nous en apprend pas énormément sur la culture aborigène.
On se contentera en fait de quelques bonnes idées dans la réalisation pour ne pas complètement regretter le visionnage de ‘Ten Canoes’. Si le noir et blanc du passé « proche » est un peu brut, il a l’avantage de souligner la stabilité de la culture aborigène au fil des siècles. A cela s’ajoute le double emploi du comédien dans les deux rôles de jeune frère, qui lie astucieusement le conte à sa situation d’énonciation. On appréciera encore les courts passages où les aborigènes imaginent des scénarios quant au destin de la femme du chef disparue. Mais malgré des acteurs sont convaincants, une superbe photographie et des environnements magnifiques, la forme ne rattrape tout de même pas le fond.
Un conte raté pour un documentaire un peu pauvre.