Si Brazil est le chef d'œuvre du réalisateur Terry Gilliam, il ne convaincra pas tout le monde en tant que chef d'œuvre tout court. Tout d'abord, le spectateur est jeté dans une société réglée par une terrible administration totalitaire, mais le burlesque ambiant de l'univers crée un décalage très perturbant. Ainsi, hormis Sam Lowry, les personnages sont plus absurdes les uns que les autres, et on se perd vite dans un monde bourré d'idées plus ou moins grotesques.
De plus, même si l'impossibilité à comprendre les codes de cette société est certainement voulue, l'intrigue devient elle-même difficile à suivre. A cela s'ajoute une histoire d'amour qui ne convainc pas, entre rêves kitsch de son aimée, et romance impromptue. Si quelques passages sont intéressants (Sam confond Jill et sa mère dans sa folie), le final représente quand à lui une déception colossale : de toutes les interrogations qui nous agitaient à propos de l'Extraction d'Informations, on ne nous servira qu'une salle de torture gigantesque, sans explication.
La réalisation est à l'image du scénario, et représente une expérience éprouvante pour le spectateur. Les décors sont surchargés, l’éclairage est bariolé : il s’agit là d’un univers baroque, aux visuels presque agressifs (la scène au restaurant). A côté de ça, le contraste étrange entre le classicisme des bâtiments et les enchevêtrements de tuyaux qui emplissent l’écran risque d’en rebuter certain. Le passage où Sam est enfermé dans la camisole ou encore le sympathique Harry Tuttle, sont de bonnes idées qui ne sauvent tout de même pas un film farfelu et peu plaisant. Même la bouille à Jonathan Pryce ou encore le petit plaisir pervers de la scène où Jill s’offre à Sam ne sauront faire oublier les faiblesses du scénario. En revanche, la bande-originale est superbe, et des morceaux comme The Office ou Brazil sauront laisser une marque.
Brazil est un capharnaüm scénaristique et visuel qui ne m'a pas convaincu.