Un huis-clos angoissant

Autant vous le dire tout de suite, je me suis régalé!
Pour ceux qui n'auraient pas accroché a Cloverfield et son style "found footage", aucun souci. Le contexte est commun mais l'histoire en est indépendante et la réalisation beaucoup plus classique.
Pour ceux qui avaient aimé Cloverfield, ô joie! On prend plaisir à voir se développer une trame parallèle, loin de New York, avec des personnages très différents, mais dans une ambiance tout aussi anxiogène.
Un petit pitch: au moment où commencent les évènement décrits dans Cloverfield, loin de là, dans la campagne, Michelle (incarnée par Mary Elizabeth Winstead) a un accident de voiture et perd connaissance. Lorsqu'elle reprend ses esprits, elle est dans une petite pièce aveugle, allongée sur un matelas à même le sol, une attelle autour de son genou droit blessé, à laquelle est attachée une paire de menottes fixée à la tuyauterie! Alors qu'elle tente d'appeler à l'aide avec son téléphone portable, un grand bonhomme imposant (incarné par l'excellent John Goodman) ouvre la lourde porte de la pièce. Terrifiée, Michelle le supplie de la laisser partir. Il lui répond qu'elle a besoin de repos et qu'il va la maintenir en vie...
A partir de là, un oppressant huis-clos va se développer. Qui est ce géant inquiétant? Qu'attend-il de Michelle? Est-ce vraiment la fin du monde? Autant de questions auxquelles le film distillera petit à petit des réponses sujettes à caution, ne laissant jamais vraiment Michelle (et le spectateur) savoir sur quel pied danser... Et c'est ce qui fait une grande partie du sel de cette histoire. Certains penseront d'ailleurs à un épisode de la série Metal Hurlant Chronicles intitulé "Protège-moi", avec James Marsters, dans lequel le doute était aussi savamment exploité.
Premier long de Dan Trachtenberg, 10 Cloverfield Lane, produit par JJ Abrams et sa société Bad Robot, n'a pas à rougir de sa réalisation qui est tout-à-fait maîtrisée. Le scénario paranoïaque est servi par un décor et une bande sonore qui amplifient son côté claustrophobique. Et surtout, l'interprétation de John Goodman est impeccable, pleine d'une ambiguité angoissante. On se prend à en avoir peur, à le comprendre, à le plaindre, et en avoir peur à nouveau... Inquiétant et rassurant tour à tour, il est l'un des plus gros atouts de ce thriller (post)apocalyptique (?)
A regarder en frissonnant!