L'Humanité inhumaine, déshumanisée, déshumanisante...

Premier film de Depardon pour moi (sous l'instigation d'une liste de gallu !)

Une peinture pleine d'authenticité du monde et de la société humaine...
Une véritable révélation, un émerveillement effaré tant qu'effarant...

Chaque affaire révèle tour à tour quelque chose de plus, que cela concerne la juge, la procureur, les avocats, le "système" judiciaire...

Un pauvre gars qui se balade avec un couteau suisse (j'étais scout et j'ai pris l'habitude d'avoir le mien en permanence dans ma poche, tant et si bien qu'à l'aéroport, à 17 ans, j'avais oublié de l'en enlever et j'avais sonné... je me rends maintenant compte de la chance que j'avais eue qu'ils me laissent partir sans me fouiller et en le confisquant simplement... chance d'être un jeune blanc à la tête d'ange ?...) qui veut faire sa défense tout seul (en même temps, sociologue, sûrement beaucoup de fierté en lui, volonté de prouver quelque chose, que sais-je, en tout cas, il pourrait y avoir un petit côté admirable...) immédiatement rembarré par la juge piquée au vif dans son propre ego '''je connais mon métier''', qui va feuilleter sans lire son gros livre répertoriant les lois... nous n'aurons pas le verdict quant à cet homme, mais la procureur, visiblement bien aigre elle aussi, demandait tout de même un mois de prison...

... et une histoire (dont on ne peut vérifier toute la véracité, mais dont on se doute qu'elle comporte des bribes d'une vérité pas rare du tout) d'un couple ayant rompu et dont l'ex-mari harcèle l'ex-femme, cette dernière racontant finalement que même lors de leurs 7 ans de mariage, il l'a battue et violentée... et qui n'a l'air de soulever qu'un minimum d'inquiétude et d'empathie de la part de la juge (m'enfin quoi, aucun détail relevé ? aucun approfondissement d'enquête réquisitionné ??)...

...et cette inhumanité face à un ressortissant mauritanien qui n'a finalement rien fait d'autre que ne pas avoir de papiers, et finira par écoper d'un an de taule...

On ne sait plus trop si la protection juste existe...

Deux avocats m'auront touché, le premier, tout à fait clairvoyant, déclamant qu'il est injuste de condamner quelqu'un tout ça parce que ce qu'il fait des 300 € lui restant à la fin du mois ne nous convient pas personnellement !! Et le second, divinement concis, résumant que les torts... n'existent en fait pas : "butin : aucun" "outrage : non" etc.

Pour résumer mon ressenti général... Finalement, les "on-dit" n'ont peut-être pas si tort : racisme, xénophobie, sexisme... on a là toute la panoplie, le tout bien enrobé dans le "droit" et la "loi" car défendu par les "grands maîtres", qui siègent d'ailleurs en très grande hauteur (à la limite de la caricature!), et dont la suprématie transpire par les pores, entre les airs de mépris, les ricanements, les haussements de sourcils, les interruptions...

Mais ce n'était qu'un tribunal parmi tant d'autres, à une date donnée. Je ne généraliserai donc pas mon propos à la Justice Française, malgré la très forte tentation induite par les anecdotes quotidiennes relatées par tout un chacun....

On pourra noter l'impression d'usine en batterie : on enchaîne les cas, pas de repos... et on sent à quel point ça devient mécanique... on souffre partout du manque de moyens...

En tout cas, sans fioritures de mise en scène scénaristique, on est pris aux tripes par ces bonshommes qu'on croise dans la rue tous les jours, qui sont eux, toi, moi... dont l'avenir est tracé depuis la naissance ? Mektoub ? Pour la juge, le contraire est bien simple pourtant ! '''choisissez un métier où on n'a pas besoin du permis''', '''prenez-vous en main et allez vous procurer les documents pour vous mettre en règle'''... du haut de son petit piédestal, c'est sûr, rien de très compliqué... C'est amusant quand on y pense : elle est sûrement une des personnes à voir défiler le panel le plus représentatif de la population française, et n'arrive quand même pas à se détacher de ses croyances/préjugés/"exhortations" (toujours les mêmes conseils donnés...), malgré qu'elle parvienne (en tout cas en début de journée...) à rendre les jugements plus "concrets", avec des mots plus... substantiels ?

Bref, après une critique complètement décousue, je conclurai par :

Je recommande vivement.