La mise en scène parvient remarquablement à évoquer le souffle insaisissable de l'Histoire, diffus, au regard d'un enfant de 11 ans, obnubilé en parallèle par des considérations triviales relatives à l'acquisition et puis la récupération d'une chemise (symbole d'une individualité s'affirmant). Hauteur de caméra positionnée en conséquence certes, mais surtout un ajustement précis du cadre (comme ce regard subjectif entre les épaules d' adultes réunis à table pour l'agrément, l'occasion de pousser les bribes de chansonnette encore en mémoire à la gloire de Mao !). Evocations elliptiques des temps qui changent aux lendemains incertains ("Les sommets les plus brillants dissimulant...l'obscurité"). Figure de l'enseignant shanghaïen brisé par la vague de "rééducation" forcée (jeunes instruits envoyés à la campagne, expertise et foi révolutionnaire étant perçues comme concurrentielles), exprimant en larmes (extrême chez un chinois !), sa sentiment de n'être plus qu'un mort-vivant. Climat en arrière plan de guerre civile entre gardes-rouges et conservateurs dans un à Guiyang. Récit initiatique dont les étapes s'articulent de manière impressionniste, à l'image des tableaux occidentaux religieusement dissimulés par le père (Monet en particulier).
(6,5/10)