04.02.2010
Il y a peu de réalisateurs qui savent imposer leur temps propre et définir un point de vue pour le spectateur, ouvrant mille possibilités dont des yeux nouveaux.
Cela va de pair en général avec la maîtrise de son art et Bennings dans 11x14 redonne à chaque élément structurant du cinéma une nouvelle vie.
11x14 par ses parti pris, par le choix des moments qu'il a choisis de filmer dans ce qu'il est convenu d'appeler l'action se place à ce moment critique où les événement respirent encore de tous les possibles dont ils sont gorgés. Il nous redonne aussi le monde à contempler grâce à une mise en scène souvent feuilletée, toujours intrigante par ses corrélations son/image ou par tout autre choix où les frontières entre manipulation et réel sont devenues non pas floues mais volontairement enfreintes.
Une scène = un plan = une énigme, résolue ou non. Quelques leitmotiv avec les panneaux publicitaires ou une chanson de Dylan créent des repères ou un montage à distance. Les plans sont d'ailleurs séparés par des coupes noires et surgissent comme venus de nulle part, comme la vie elle-même, interagissant entre eux de manière épisodique, hasardeuse presque et musicale certainement, à distance et dans un rythme qui prend le temps de créer son propre monde.
Pas de dialogue, c'est le spectateur qui en tête créera ceux qui sont entre les scènes, les précèdent ou les suivent dans les trous noirs qui servent de liant aux plans.
Cinéma organique donc qui donne à toucher la pulsation des choses entre elles, de ce qui les crée ou non. Stupéfiant et radical.
Revu 25.06.2018
Ajout :
À cette distance des gens et de leurs histoires, il y a place pour le reste, pour le monde et il semble parfois et logiquement que tout est mis en scène, une herbe qui s'anime sous le vent, un camion qui passe à ce moment et qui est 'évidemment' le bon, un nuage de la forme voulue sur ce champ, etc... et que Bennings a la clé de ce tout.