Les responsabilités, ça se partage...

120 battements par minute ! Par où commencer ? Disons qu'il s'agit du film que la France et Cannes ont transformé en porte étendard de notre cinéma pour les Oscars. Cela me rappelle d'une phrase que j'avais lancé lors de ma critique de Valerian :

Je ne demande pas de promouvoir que des Graves ou 120 Battements par
Minutes*

Et niveau porte-étendard, ce film se pose là

Grand Prix du Jury à Cannes
Prix FIPRESCI du Festival de Cannes
Queer Palm
Prix François-Chalais
Prix du Public Festival du film de Cabourg
Out d’or de la création artistique
Prix Sebastiane du du Festival de Saint-Sébastien

Du coup, le film est-il bon ou pas ? Ben ouais ! Le film m'a surpris, malgré de sacrés défauts ou parti pris que je trouve en trop.

Bonne surprise dans la réalisation

Je m'attendais honnêtement à un film chiant avec une thématique forte mais sans saveur à la réalisation (oui comme on aime UN PEU TROP en faire ! N'est-ce pas Intouchables ?). Si le début est assez poussif malgré une introduction plutôt classe, le film arrive vraiment à décoller après 20 bonnes minutes. Je trouve que le réalisateur a donné un bon équilibre entre l'émotionnel et l'artistique (mince me voilà en train de parler comme Valentin Breheret...). Il y a des scènes très fortes qui fonctionnent bien, notamment dans la 2e partie. Par contre c'est assez étonnant que Promouvoir n'a pas hurlé à la mort à la vue de ce film...

Ouais étonnant. Tiens parlons de ses scènes. Même si je trouve que la toute dernière scène est superflue, je trouve que le montage est vraiment bien fait entre la musique, la dernière action et un aspect disco. Et c'est ce qui est assez incroyable c'est parce qu'on a un film français un peu engager et qui se permet de faire pas mal de délires dans la réalisation. Certains diront que c'est de l’esbroufes, mais pas du tout. Et c'est assez délicat mais au début du film, j'ai vraiment cru à un ersatz d'Intouchable. Mais finalement, il s'est Et mieux que ça visuellement, certains plans ont un sens précis alternant avec d'autres plus conventionnels. Cela dit, il y a aussi des plans que je trouve inutilement longs (je vous laisse deviner lesquels) mais bon . Sinon, il y a pas mal de détails de réalisation que je vais développer après (non je ne vais pas refaire le coup de Mother ! et de raconter tout le film. Non là ce ne sera que des points précis. Mais attardons nous sur le personnages.

L'explosion Sean

Déjà on va parler du personnage que tout le monde a en tête quand on parle du film, Sean (Nahuel Pérez Biscayart) est comme l'acteur, un français d'origine argentin homosexuel et séropositif (comme quasiment tous les personnages). C'est assez surprenant car il au départ très en retrait avant d'exploser dès sa première scène. Le ton est donné et il explose d'un coup. On en apprend beaucoup par rapport à lui (notamment avec son passé de relation un poil pédophile, je n'invente rien). Et il devient très intéressant en tant que militant engagé qui assume son orientation sexuelle. Il y a juste un truc que je n'apprécie pas, le coté efféminé de certains personnages et Sean ne fait pas exception. Je comprends qu'il faut 2 ou 3 un peu efféminés , mais c'est tellement utilisé dans le 7e art que je trouve ça chiant.

Nathan (Arnaud Valois) est assez en retrait je trouve. Bon il forme un couple avec Sean voir très intéressé. Mais au final il est plus suiveur qu'actif. Cela dit dans l'intimité de Sean, il est... le mec. Oui c'est ça, c'est juste le mec du couple gay. Ouille. Ouais, des 2 personnages c'est le moins intéressant et surtout c'est juste un observateur. C'est un peu dommage parce qu'il a une présence dans ce film mais contrairement au couple Lito/Hernando de Sense 8. Ouais cela aurait été bien qu'il aurait un peu plus de présence et de matière.

Sophie (Adèle Haenel alias l'autre Adèle du film Orpheline) est sympathique en tant que tête dirigeante des actions d'Act'Up

Thibault (Antoine Reinartz) est un leader un poil dépassé par son groupe mais qui fait quand même figure d'autorité. C'est peu le Paul Dano d'Okja du film. Cela dit il doit aussi composer avec les membres malades qui ont une peur de mourir (avec raison en plus)

Max (Felix Maritaud) est aussi un activiste très engagé dans la partie rédaction presse. Très importants, il a aussi une fougue incroyable et aussi proche de Sean. Enfin à peu prêt.

Hélène (Catherine Vinatier) est une mère de famille très active, présente pour son fils, et qui a une bonne présence. Elle est très engagée et arrive à se faire entendre (et à avoir quand même un regard critique sur certaines de leurs actions (en tout cas pour une). Mais est très amusé avec son fils Jérémie (Ariel Borenstein).

Quant à Germain (Mehdi Touré) il est un aussi un bon meneur et c'est tout

Luc (Simon Bourgade) en revanche est l'un des séropositifs les plus avancés dans la maladie. Il n'est présent que dans la moitié du film mais suffisamment pour être présent et signifié qu'ils ne peuvent se permettre le mur de l'indifférence.

Ce que j'ai remarqué est que les personnages du film, comme pour le film Ça sont plus intéressant en tant que groupe qu'individuellement, mis à part Sean. Et le film exploite de manière assez unique les personnages d'Act'Up. Tout d'abord en tant que groupe une bonne partie du film avant de se recentrer exclusivement sur Sean, une fois sa maladie bien avancée. Mais contrairement à Ça ben ils sont fonction à l'histoire. Cela dit, ils montrent que la maladie touche le plus de personne sans distinctions.

Enfin, il y a les membres de la firme Melton Farm mais ils ne sont pas importants.

Tous concernés

Le film montre les actions d'Act Up-Paris qui prônent des actions vraiment radicaux afin que les pouvoirs publics se sensibilisent plus sur le S.I.D.A en France, à une époque où la maladie était très médiatisée. Je me souviens qu'on en parlait partout. Cela dit, le film montre aussi les limites de leurs actions. En effet, ils sont considérés au début comme des activistes qui brassent plus du vent (il faut voir à quel point ils sont reçus) et la population a des vus divergents sur leurs actions

Le fait qu'ils soient de la communauté homosexuelle n'aide pas mais pour une fois ils ne sont pas tout le long stigmatisés comme tels et sont reconnus plus comme des membres d'une association qu'ils luttent afin d'encourager la prévention. Cependant, le film se focalise aussi sur Sean qui est l'un des plus fervents représentants de la cause. Le film montre son évolution, sa relation avec Nathan et aussi l'avancée de la maladie sur lui. Même visuellement on remarque l'avancé de leurs actions de manière social et politique ainsi que malgré les heurts, ils demeurent un groupe plus que soudé.

Cela dit, comme je l'ai expliqué je trouve que la fin du film est superflu. Beaucoup ont critiqué la fin de la Planète des Singes : Suprématie (sérieusement quel titre pourri) de superflus. Non. Celle là, même si elle est raccord avec le début aurait été parfaite avec 10 min de moins.

Malgré tout, le film est très osé de part son histoire flirt entre le drame humain et le feel good movie engagé.

Le combat n'est pas fini

Bref, ce film est très surprenant , qui va sans détour et ne prend pas de gants. C'est le genre de film où il y a un an il se serait pris une marée de haters bien pensant (vous savez ? La bande à Promouvoirs ? D'ailleurs ils sont morts ?). Et finalement il existe. Bien écrit, avec une réalisation plutôt inattendue et qui fonctionne, mais qui veut parfois trop en faire

Du coup, considération méritée ? Je dirais oui. Cela dit, leur combat est loin d'être fini vu que les médias font la sourde oreille pour le S.I.D.A, même si la maladie n'est plus aussi tabou qu'il y a 20 ans. Du coup le combat continue...