120 battements par minute mêle habilement l’intime et l’universel pour raconter le combat d’Act Up contre le sida. Le film est un hymne à la vie, à l’amour qui refuse de renoncer même face à la mort. Un beau moment d’émotion jamais niais.
Après le très maîtrisé Eastern Boys et quelques belles collaborations aux scénarios des films de Laurent Cantet, Robin Campillo a fait sensation à Cannes cette année où il a remporté le Prix du jury avec 120 battements par minute. Le film, riche en émotions et en images fortes, retrace l’histoire d’Act Up et de son combat contre le sida, afin qu’il soit reconnu comme un fléau majeur et traité en tant que tel. Avec des acteurs peu connus, hormis Adèle Haenel, mais tous grandioses, Robin Campillo parvient à mêler habilement l’intime et l’universel dans une fresque de près de 2h30, jamais niaise et toujours puissante. L’histoire d’amour entre Sean et Nathan permet au réalisateur de mêler l’enthousiasme du débutant à la radicalité du militant séropositif. La relation entre les deux personnages est aussi tendre que cruelle, parce que marquée par la menace de la disparition.
Mourir d’aimer
En parallèle, le réalisateur mêle scrupuleusement à cette histoire d’amour, celle d’Act Up et de ses combats. On assiste ainsi aux réunions des militants, à leurs actions et à leurs contradictions, mais surtout leurs désillusions. Ce qui ressort, malgré ceux qui succombent à la maladie, c’est un formidable élan de vie. Les séquences de groupe sont ainsi assez habilement mises en scène pour que chaque personnage ressorte du lot tout en étant noyé dans l’action collective. A travers les portraits de quelques militants, leurs coups de cœur et leurs coups de gueule, Campillo parvient à parler du sida de manière exhaustive, sans tomber trop loin dans le pathos. Il y ajoute même les petits détails de son vécu personnel, comme cette cassette que le président d’Act Up remettait aux (nombreux) garçons qui lui plaisaient. En prenant le problème de front, sans en faire un pamphlet, mais aussi en mêlant humour, douceur et cruauté, Robin Campillo parvient à faire de 120 battements par minute une fresque de grande ampleur qui laisse presque chaos tant de nombreuses émotions se mêlent pendant la projection. Une très belle réussite qui parvient aussi à capter une période, pas si lointaine, où sortir de la norme était presque un crime et où mourir d’avoir aimé trop vite, trop fort, était suspect. Espérons simplement que ce que raconte le film, hormis sur la force de l’amour, du groupe et de la vie, ne résonne pas trop avec notre époque.