Le cri de quelques uns pour des milliers.
Le cri de quelques uns pour des années.
Le cri de quelques uns pour des générations.
120bpm, un rythme soutenu, prémisse d'un moment fort, intense, où on en voit de toute les couleurs, où l'on ne sait que jouir, ne pas penser, le hurler, et s'abandonner. C'est je pense une bonne définition de la vie.
Quand ton coeur bat si vite, c'est justement là où le temps passe le plus lentement. Où tu es le plus fébrile, et que tu peux voir tout ce qui se passe. Et c'est justement ce que nous a permis de faire ce film : prendre tout notre temps pour voir ce qu'il se passait et passe encore. Des jeunes, des vieux, des très jeunes, hommes, femmes, séropo, gay, toxico, hétéro, tout le monde est touché. Tous ont une vie à laquelle ils s'accrochent à corps perdu et se battent pour faire reconnaître leur condition et obtenir de l'aide. 120 BPM ne traite pas d'homosexualité, il n'en a pas besoin. Il traite d'un combat, celui contre le SIDA, qui continue encore aujourd'hui dont on entend de moins en moins parler, au travers de relations belles, sincères, avec pudeur et sensibilité.
On suit tout au long du film l'évolution de la maladie d'un des membres fondateurs de Act Up dans les années 90, et sa lente descente aux enfers. Au fur et à mesure du film une pression s'abat sur nos épaules et on se rend compte que plus on progresse dans l'intimité du personnage, plus il est difficile de ne pas céder à la difficulté des situations qu'il rencontre (les nombreuses larmes versées durant le visionnage n'arrangent rien).
Le rythme du film est parfaitement maitrisé par Campillo, qui alterne avec brio les moments de "fête", de profit de la vie, sans en faire trop, les moments de tensions, ces protestations pacifiques dans la nuit silencieuse, mais aussi les moments d'intimité, touchants par leur délicatesse et leur honnêteté. J'ai rarement autant apprécié plus de deux heure de film, et pas une fois je ne me suis posé la question de la durée. Car la notion du temps est bien trop précieuse quand on traite de ce sujet.
Enfin, 120BPM m'impose la reflexion. Pourquoi est-ce que je pleure pour une personne que je connais et une que je ne connais pas? Qu'en est-il aujourd'hui de la lutte contre le SIDA? Dans quelles conditions sont traitées les personnes atteintes? Et surtout, pourquoi a-t-on cessé de s'interroger?