Chaque spectateur qui regarde un film le perçoit différemment en fonction du contexte dans lequel il le regarde. C'est ce qui fait toutes la nuance entre les visionnages : entre spectateurs eux-mêmes, où le contexte est alors le background des spectateurs, leurs attentes et leurs goûts, mais aussi chez une seule et même personne lors d'un second visionnage dont les conditions seraient fondamentalement différentes. 

Eh bien c'est exactement ce que j'ai ressentit lorsque j'ai regardé Avengers : Infinity War, et ce pour deux aspects.


Le premier c'est que je l'ai regardé après la sortie d'Ant-Man et la Guêpe, qui m'a par ailleurs laissé totalement indifférent, car la seule scène qui crée réellement une évolution et un mouvement se situe après le générique de fin, ce qui pour un long-métrage constitue une certaine problématique (je ne parle pas de la scène avec la fourmie). J'ai forcément été spoilé immédiatement par l'ensemble de la salle m'indiquant "c'est comme dans Infinity War". Ainsi donc, cette fin a attiré mon attention et donné envie de voir un film qui jusqu'alors ne m'avait pas donné envie de voir.


Cette envie de rester éloigné de ce film avait été mue par son deuxième aspect de contexte : le fait que le Marvel Cinematic Universe soit à ce point dense et mêle chacun de ses héros et films a créé une sorte de léthargie dont il n'est plus possible de sortir. Nous avons affaire depuis le premier Avenger a des héros qui n'évoluent plus, dont les relations restent globalement les mêmes malgré des avis "divergents" (ne venez pas me faire croire que tous les acteurs de Civil War étaient convaincus par de qu'ils faisaient), et qui perdent en saveur car la découverte n'est plus présente.


      Ce film a donc été contextualisé je savait d'avance qu'il me serait impossible de ne pas avoir d'avis préconçu avant même de voir le film, et par là même de ne pas intégrer ces antécédants à mon jugement. Mais essayons! 

Commençons par le gros point positif : Thanos. Il s'agit du seul méchant du MCU à ma connaissance qui soit un tant soit peu creusé, et tant mieux car il s'agit quand même du personnage qui reste le plus à l'écran de tout le film ! Cependant la transition entre son traitement ténébreux assis dans son fauteil que l'on a eu pendant 10 ans à ce Thanos énergique et qui se bat lui même en armure m'a quelque peu surpris, mais bon pourquoi pas, c'est un traitement auquel on ne s'attendait pas ! Ses motivations sont ce qu'elles sont et sa logique ne manque pas de sens, il est clair, violet et cohérent.
Le deuxième gros point positif à mon sens, c'est qu'on connaît ENFIN la disparition définitive de personnages importants, qu'on attend jusqu'au tout dernier film. Cela casse le rythme d'absence de crainte que l'on connaissait, en se disant que le prochain film allait sortit donc tous les héros seraient forcément là.


Il y a cependant beaucoup plus de points qui m'ont dérangé (je ne les citerai pas tous!).Si j'ai dit que Thanos était le personnage principal c'est parce qu'il est en pratique le seul méchant face à une ribambelle de héros. Dans Infinity War plus encore qu'avant, leur nombre ne permet aucun traitement concret et ils sont donc tous réduits aux archétypes dans lesquels ils ont été créés. Voir pire quand on voit le traitement de Stark qui brille souvent dans ses conversations par son opposition et son arrogance face à ses collègues, il a cette fois été éteint dans son rapport à Doctor Strange, et est allé jusqu'à perdre ses caractères (même le concept du sacrifice lui a été volé ! )


Le paradoxe c'est que lorsqu'il a fallu garder l'essence des personnages pour les synthétiser, les scénaristes ont visiblement fait plus que réduire les dialogues, ils ont réduit la moitié des personnages en ressort comique, et les mitraillettes de blagues n'ont vraiment pas aidé, en plus de déconstruire des mythes, à sentir le poids qui est sensé peser sur ce film.


Et c'est ce poids qu'il m'a manqué. Je me suis profondément ennuyé entre deux scènes d'explosions et de regards lancinants pendant des scènes d'amourettes mal placées, et ce jusqu'à deux heures de visionnage. On a tellement été habitué aux fins du monde éventuelles que celle ci ne ressemble qu'à une énième version, en un peu plus gros... Toit ceci fait que le ressentit n'est pas présent au moment du dénouement final, alors qu'il est sensé s'agir du moment le plus triste de la saga. Le choix de ne pas faire disparaître les premiers Avengers issus des films initiaux joie forcément un rôle la dedans.


Pour en finir sur le fond, il y a toutefois un paradoxe intéressant à noter entre le début et la fin de la saga. Lors du dernier Avengers, il était reproché aux héros de semer la mort et la destruction autour d'eux, alors que leur objectif était de faire le bien. On peut ici faire largement un parallèle avec Thanos qui ne souhaite finalement que la conservation et la restauration de son monde, et le moyen passe par le meme principe de "destruction creatrice". Il n'est donc pas étonnant de voir ce personnage sensé être un antagoniste comme le héros du film. Malheureusement, son traitement est ici tellement différents des apparitions dans les précédents volets que cela arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.


Pour la formé,dans ce film comme dans les autres,il manque pour moi de la couleur, des vrais contrastes et de la netteté. Les effets visuels sont très réussis mais ne sont là que pour le show et ne servent pas le propos. A mon sens nous sommes arrivés à un point où l'utilisation du fond vert à outrance atteint sa limite pour rendre crédible et tangible des personnages et décors. Pourtant il y avait du potentiel avec toutes les planètes présentées, mais tous les effets visuels qui auraient pu être des bonnes trouvailles se retrouvent noyés dans une masse indescriptible qui leur ôte toute efficacité ou beauté, alors qu'encore une fois,des moments de grâce ou de desolation à bieb exploiter il y en a en pagaille!


Petite variation cependant dans le design de certains personnages comme le Captain qui rendent plutôt bien. Variation qui est absente en revanche dans la réalisation et le jeu des acteurs, bien trop lisse, sans surprise, comme une bonne recette de grand mère qu'on aurait trop mangée.


Malgré tout je peux comprendre que le film reste un bon divertissement pour beaucoup, mais ce film est exactement ce que je craignais. Peut-être que je l'aurais apprécié, hors contexte.

Zepito
6
Écrit par

Créée

le 10 août 2018

Critique lue 410 fois

1 j'aime

Zepito

Écrit par

Critique lue 410 fois

1

D'autres avis sur Avengers: Infinity War

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

205 j'aime

54

Avengers: Infinity War
Larrire_Cuisine
5

Boum boum piou-piou (rires) boum piou BOUM !

DISCLAIMER 1 : La note de 5 est une note par défaut, une note "neutre". Nous mettons la même note à tous les films car nous ne sommes pas forcément favorable à un système de notation. Seule la...

le 2 mai 2018

116 j'aime

9

Avengers: Infinity War
Sergent_Pepper
7

Mise à mort des pères sacrés

Il suffit peut-être de ne plus rien attendre d’une franchise pour lui donner l’occasion de nous prendre par surprise. Alors que le MCU croule sous son propre poids, hésitant entre la machine cyclique...

le 7 mai 2018

109 j'aime

11

Du même critique

Hacker
Zepito
5

Critique de Blackhat par Zepito

Plutôt déçu par un film qui porte plutôt mal son titre... J'espérais voir un film sur le cyber-espionnage, basé sur l'outil informatique. Au lieu de cela on se retrouve dans un film d'action plutôt...

le 18 juil. 2016

2 j'aime

American History X
Zepito
8

Sortir du sentier battu

Un film de violence, et de tendresse. De dénonciation, et de non dit. C'est un film percutant qui est sortit en 1998 et qui relate l'histoire d'un néo-nazi convertit à l'ouverture. Un an avant fight...

le 18 juil. 2016

2 j'aime

Avengers: Infinity War
Zepito
6

Hors-contexte.

Chaque spectateur qui regarde un film le perçoit différemment en fonction du contexte dans lequel il le regarde. C'est ce qui fait toutes la nuance entre les visionnages : entre spectateurs...

le 10 août 2018

1 j'aime