Le dernier film de Robin Campillo est une gigantesque campagne de lutte contre le sida. Son but est de choquer et cela fonctionne à merveille. Maux de têtes, nausées, gorge nouée. Autant de symptômes qui vous empêcheront de vous tenir bien tranquille sur votre siège. Dès les premières minutes du film, le spectateur est invité à participer aux réunions de l'association Act Up, par le biais d'une caméra intrusive. L'intensité des échanges entre les participants est poignante et le nœud dans l'estomac arrive assez rapidement. Cette immersion est très bien jouée. Avec Sean, Nathan, Thibaut, Sophie et les autres, on lutte, on va balancer du faux sang dans un laboratoire, on est indigné, triste, révolté, on rit parfois, aussi. Pendant tout le film, le sida est là, caché dans le corps de ces jeunes gens. Mais il s'exprime aussi à travers diverses métaphores et quelques plans musicaux assez lents, très esthétiques. Si "120 battements par minute" se veut très fort à certains moments, d'autres scènes, très choquantes, auraient pu être évitées. L'agonie est longue et la fin se fait attendre. On hésite un peu à sortir de la salle. Par ailleurs, les dialogues entre les personnages ne sont pas toujours très naturels, ce qui donne au film des allures de campagne géante. Entre eux, Nathan et Sean ne parlent quasiment que de leur maladie et du moment de leur contamination. La mère de Sean quant à elle, n'est pas très convaincante à la mort de son fils et les sentiments du spectateur sont partagés entre l'horreur et l'étrange. Quoiqu'il en soit, il serait malvenu de mettre une mauvaise note à ce film, qui reste fort. Et le message est bien passé : pour garder son "Sang froid", Capote obligatoire !