Aller voir 120bpm quand on est gay et qu'on a vécu son adolescence dans les années sida, les années 90 : on n'en ressort pas indemne... On se sent juste rescapé, miraculé. Le bouclier qu'on s'est forgé une vingtaine d'années durant se fissure peu à peu au fil du film.
J'ai beau ne pas être convaincu du style d'Act-up, de leur militantisme coup-de-poing qui est parfaitement illustré dans le film, tant par des scènes où l'action, le sentiment d'urgence et l'adrénaline prennent le dessus, que par un magnifique jeu d'acteurs parfaitement dans le ton ; on ne peut qu'admirer la sincérité et la soif d'authenticité qui se dégage.
Une première partie plutôt informative et militante qui nous berce gentiment au gré des actions d'un groupe soudé mais également parsemé de petites tensions.
On se détache peu à peu du groupe pour s'intéresser à la naissance d'un couple entre un séro+ et un séro- et c'est là que le bas blesse... Le sujet est grave et persistant, l'aborder sans émotion et froidement "à la Haneke" n'aurait eu aucun intérêt, j'en conviens. Je me pose néanmoins quelques questions quant à la persistance de certaines scènes inutilement longues ou pénibles à (re)vivre... Le film choque, est cru, sans détour ni ambages. Et quand on pense que c'est enfin fini, c'est pour s'en prendre une nouvelle en pleine tronche.
A mille lieues d'un Philadephia sur fond de militantisme franchouillard, bien qu'il en reprend certains codes, 120bpm est à part, suscitant tantôt de l'énervement, tantôt de la peine... On est balancé de sentiment en sentiment sans répit pendant deux heures et demie. Un excellent moment néanmoins, parfois pénible mais nécessaire pour se dire que la maladie est encore là, alors que beaucoup d'entre-nous, non... Une bonne piqure de rappel parfaitement interprétée.