Tout l'enjeu de ce film est de savoir comment Danny Boyle va occuper l'écran pendant l'heure et demi habituelle avec l'histoire (vraie et dont tout le monde connait la fin) d'un mec qui part seul dans un canyon, se retrouve coincé dans une crevasse le bras bloqué par un rocher. Une chose est sûre : aucun risque de se faire spoiler sur ce coup là.
Après une rapide introduction durant laquelle on découvre Aron Ralston, le personnage incarné par James Franco, je me suis dit que Boyle allait faire traîner ça histoire de meubler. La chevauchée à vélo au milieu du désert, la rencontre avec les gonzesses et les amusements qui suivent me confortent dans mon idée. Oui mais non. Boum badaboum, c'est rapidement la chute, le rocher et tout le tralala.
Les espèces de patchworks de souvenirs qui occupent le personnage alors qu'il ne sait pas comment s'en sortir donnent le ton : Monsieur est un égoïste, il ne fait pas de bisous à sa maman, il n'aime pas comme il faut sa nana (l'étrange mais non moins cute Alto-Séquanaise Clémence Poésy) mais il a vécu des moments heureux. Suffisamment pour lui donner l'envie de vivre.
Boyle tente tant bien que mal de communiquer les hallucinations vécues et racontées par Ralston mais au final, on s'y perd un peu. A-t-il froid ? A-t-il chaud ? Quoi ? Qui ? Qu'est-ce ? J'admets volontiers que la pause bagel au saumon + ciboulette et gratouillage de chat m'a sans doute un peu trop diverti mais ça ne justifie pas entièrement le flou dans lequel je me suis retrouvé par moment... en d'autres termes : c'est un peu chiant.
La scène insoutenable (je suis une lopette) du découpage de bras m'a valu quelques remontées acides au fond de la gorge. Preuve sans doute qu'elle a été bien transposée à l'écran. Berk.
Ce qui me semble sûr, c'est que la page Facebook du gars devait valoir le détour à l'époque (ok ok, en 2003, pas sûr). Entre photos de ses exploits sportifs, vidéos de ses états d'âme et dernier cliché glauquissime, il y avait matière à satisfaire une fan page pendant plusieurs jours. Dommage que la Go Pro HD n'existait pas encore à l'époque parce que la petite caméra Canon, là, ridicule.
Sentiment mitigé donc. L'histoire est bonne, évidemment, mais ça sent un peu le remplissage. Le dernier effort rythmé par l'épique "Festival" de Sigur Ros donne un peu d'ampleur au film et le sauve selon moi d'un 6/10 qui lui tendait les bras (ha ha).