Deux ans après le sublime "Shame", film narrant l'histoire d'un homme accro au sexe, le réalisateur britannique Steve Mcqueen est de retour sous un registre plus académique avec "12 years as slave", œuvre ayant pour but d'éveiller les consciences concernant l'épisode sombre de l'esclavage aux États-Unis.
Quentin Tarantino l'avait légèrement fait l'année dernière avec son brillant "Django Unchained" à travers l'ambiance "cool" qui fait son succès. Ici, Steve McQueen reprend le même objectif, sauf que lui va faire une œuvre très réaliste et montre l'esclavage telle qu'elle était à cette époque. Donc, exit les "gunfights" sur fond de 2Pac, les dialogues surréalistes mais bonjour plans-séquences terrifiants, lynchages, tortures et humiliations en tout genre. On est pas là pour se divertir. Tourné en dérision un événement tragique, c'est génial, mais il ne faut pas oublier d'en parler de manière sérieuse et ici, McQueen réussit son pari à merveille ! On est tétanisé durant ces deux heures de film, ce n'est pas "Salo" de Pasolini, non, mais McQueen nous plonge dans un univers obscur et haineux que ce soit grâce aux bruitages, aussi douloureux pour nous que pour les victimes, grâce à la réalisation, apportant un certain malaise et une imprévisibilité affolante. L'aspect académique aperçu dans la bande-annonce me laissait sceptique, on est bien loin du style visuel particulier qui faisait la marque de Steve McQueen. Toutefois, le metteur en scène réussit le pari de mélanger le style académique bon pour les Oscars et son style à lui, violent, beau et engagé. Cette crainte s'est envolée dès que le film a commencé.
Cependant, bien que '12 Years a Slave" soit un grand film, on pourrait cependant reprocher deux choses : Un choix d'acteur et son rythme.
Le casting est juste excellent ! Plus hollywoodien qu'à l'accoutumée, on retrouve donc Chewitel Ejilofor dans le rôle principal, Michael Fassbender, évidemment, étant l'acteur fétiche du réalisateur dans le rôle d'un esclavagiste violent, perdu et alcoolique. Mais on retrouve aussi d'autres têtes plus ou moins connus ! Il y a Benedict Cumberbatch dans le rôle d'un maître évitant le cliché de "l'homme blanc méchant", Paul Dano qui me fait encore penser qu'il faut lui donner un Oscar à tout prix et on retrouve même Quvenzhané Wallis, la petite Hushpuppy du très sympathique "Les Bêtes du Sud Sauvage" ! Le casting est un sans faute excepté pour... Brad Pitt. Il est pas mauvais, il n'y a aucun doute, mais franchement, le gars est producteur du film et joue, comme de par hasard, un des seuls blancs gentils du film. Quelle coïncidence ! Ensuite, il y a un léger problème de rythme, le film devient un poil long vers sa fin mais on est tellement submergé par toutes ces images que l'on oublie ce problème.
"12 Years a Slave" est une oeuvre bouleversante et terrifiante qui ne laissera personne indifférent. Un film "coup de poing", aussi puissant qu' "Hunger" et "Shame" qui mérite d'être vu par son histoire (véritablement vécue), ses acteurs et son impressionnante réaliste. Ne soyez pas effrayés par la violence et les légers défauts du film, et allez voir l'un des premiers grands films de 2014. Franchement, si le film obtient l'Oscar début Mars, c'est mérité !