Sachez que le titre de cette critique aurait tout à fait pu être "A poil Fassbender !" (ça m'aurait fait plaisir, vraiment). Mais cela aurait été déplacé et j'aurais alors fait montre de bien peu de finesse. Comme ce film.
J'ai vécu 12 years a slave comme une prise en otage. J'aurais même quitté la salle (par esprit de contradiction, oui) si je n'avais eu d'égards pour le monsieur qui roupillait paisiblement ("mon dieu qu'il est insensible, je suis sûre qu'il bat sa femme !") à côté de moi, les guibolles étendues en plein travers de mon chemin (cela dit, il est possible que les 10 euros que m'avait coûté ma place soient également pour quelque chose dans ma décision de rester).
Une prise en otage, c'est traumatisant, je ne vous apprends rien. Mais ça l'est d'autant plus lorsque le kidnappeur (allons-y, n'ayons pas peur des mots) est une personne qui suscitait chez vous une profonde admiration. Parce qu'il est impensable que le réalisateur de Shame, un film fin, émouvant, mystérieux, ait pu atteindre, en un seul film, de tels sommets dans le mauvais goût. Les scènes sont plus interminables les unes que les autres. Celle de la "pendaison" dure tellement longtemps que l'on souhaiterait presque voir Northup crever au bout de sa corde, juste histoire de pouvoir souffler un peu.
12 years a slave aurait pu être un film touchant, mais Mcqueen va trop loin. La réalisation est lourde, insistante, trop balisée, ennuyeuse. Il y a des choix que j'ai du mal à comprendre. Prenons par exemple la scène où Northup fouette Patsey. Elle aurait, à mon sens, put être extrêmement forte, et elle l'est au début. C'est l'une des rares fois où le réalisateur installe une tension intéressante mais pourquoi, pourquoi ce plan lourdingue et inutile sur les plaies de Patsey ?
Quant aux personnages, ils ne sont ni attachants, ni intrigants, la faute à un cruel manque de nuance. Seul le personnage de Ford est légèrement trouble, mais malheureusement, il disparaît de la circulation à la vitesse de l'éclair.
Ne parlons même pas de la musique qui, elle aussi, est ennuyeuse et plate au possible.
Heureusement, Fassbender est là, grandiose, comme toujours.
J'écris à chaud. Je serais peut-être calmée demain. Oui, peut-être que demain, je lui mettrai trois.