Je ne suis de base pas ultra fan du cinéma de Miike. Je suis d'ailleurs assez convaincu qu'une bonne partie de sa notoriété est due à son côté provocateur et non à ses talents de cinéastes. J'ai beau apprécier "Audition" et avoir passé un bon moment devant son dernier film "First Love", qui au passage est bien plus convaincant sur pas mal d'aspects et annonce une amélioration selon moi, j'ai rarement été emballé par mes autres rencontres avec le cinéaste... Et ce film ne déroge pas à la règle. "13 Assassins" a beau se placer comme un bon divertissement avec une violence graphique osée et des effusions de sang généreuses, il souffre de bien trop de défaut pour ne serait-ce qu'espérer se hisser au niveau de ses pères dans le monde du Chanbara. Je n'ai pas passé un mauvais moment, mais j'ai rarement été aussi peu impliqué devant un film du genre, et assez vite exaspéré par sa durée. 2h20 pour au final ne pas raconter grand chose.
Contrairement aux grands classiques du Chanbara, "13 Assassins" n'est pas une reconstitution convaincante. Les personnages se laissent déborder par les émotions, sont souvent au mieux des clichés au pire des personnages-fonctions. Ils n'arrivent pas à nous faire croire aux histoires féodales qui faisaient la gloire du cinéma nippon 40 ans plus tôt. Au delà de ça, le côté trash est quelque-chose que je peux apprécier, mais quand il garde une dimension artistique ou symbolique. Dans "Audition", Miike ne se contente pas de filmer une actrice massacrer un homme d'affaire misogyne pour le plaisir, il en profite pour proposer avec son style une critique de ce satané patriarcat japonais et de l'image très réductrice des femmes qu'a malheureusement une bonne partie de la population nippone. Mais ici il n'y a malheureusement aucun sous texte...
Autre point assez énervant, malgré l'enjeu énorme qui plane sur les épaules des protagonistes et le ton assez grave instauré dès les premières secondes du récit, le film ne peut s'empêcher d'injecter des petites touches d'humour faciles, gags assez vulgaires qui personnellement me sortent du récit. De manière plus générale, j'ai du mal avec la surenchère gratuite de Miike. Contrairement à Sion Sono, qui s'attaque à énormément de défauts de la société nippone plus ou moins subtilement, j'ai l'impression que le cinéma de Miike n'est que trop souvent un reflet des extrêmes japonais dans ce qu'ils ont de plus discutables sans réflexion derrière, une fois encore.
En revoyant tout ce que je viens dire, je me rends compte que j'aurais pu juste résumer ça en une phrase: "13 Assassins" est un film orienté divertissement, point. Je l'ai lancé en cherchant à retrouver ce que j'aime dans le Chanbara, ou dans le cinéma japonais social, mais c'était une erreur. Le public cible est différent, au même titre que l'époque à laquelle il est sorti. Est-ce que si je l'avais lancé sans connaître le genre et en me disant que je cherchais un truc pas trop complexe pour juste me détendre je l'aurais plus apprécié ? Sans doute, oui. Du coup voilà, si vous me faites confiance, vous savez à quoi vous en tenir. Ne lancez pas ça en espérant voir le petit fils de Gosha ou Kobayashi, la déception serait grande. Lancez le si vous voulez juste voir des samouraïs se mettre sur la tronche et finir noyés dans la boue et leur sang. Bref je suis un puriste, je l'admets.