Tyrol, veille de la réforme luthérienne. Deux orphelins élevés au monastère : l'un devient prieur l'autre capitaine dans l'armée. Le prieur devra choisir entre son humanisme et son statut, le soldat devenu bourreau faire face aux obligations de sa charge.
Très brièvement : amitié profonde écartelée, fanatisme, lâcheté, jalousie, noirceur, joug des puissants et de l'Eglise... Le prieur oscille entre son engagement religieux, ses intérêts et son horreur face aux événements et à la cruauté de ses pairs, le capitaine devient bourreau parce qu'il épouse la fille (A. Griffith) du dernier exécuteur et par le fait y obligé à son coeur défendant. L'assistant (E. Marsan) est un vil, ivrogne, éclopé qui convoite et la fille et la place. Le vol d'une relique par une vielle folle édentée va tout faire basculer et débuter une chasse aux sorcières (ici les anabaptistes) dans laquelle l'Eglise voit notamment un moyen d'assurer son ascendant et de perpétuer l’obscurantisme, les élites un moyen d’enrichir la ville cherchant, pour ce faire, des hérites fortunés à mener au bûcher. L'Inquisition est envoyée, traînant derrière elle les horreurs que l'on sait (le film à l'élégance de ne pas appuyer sur les scènes de torture). Etc.
Quelque chose d'assez classique donc mais crédible, rondement mené, malgré de légères pertes de rythme. Un scénario qui aurait mérité d'être plus travaillé (peut-être au moyen d'une durée de métrage plus allongée).
L'interprétation est juste. N. Coster-Waldau (le soldat) et P. MacDonald (le prieur) rendent avec succès leur déchirement moral essentiellement dans le non-dit.
Brillante photographie (V. Smutny) soutenue par de belles lumières, la reconstitution est riche et réaliste, beau travail sur les intérieurs, les rues de la ville, ses marchés, les gens, les costumes, les maquillages...
Un film (britannique, allemand, luxembourgeois, hongrois, suisse, autrichien) soigné dont l'atmosphère moyenâgeuse est peut-être le meilleur atout.