"Oh non, encore un film de guerre fait par les américains" me suis-je dit instinctivement avant d'aller voir 1917. Mais bon, avec Sam Mendes aux commandes, il y a de quoi s'y risquer... et quels risques ! Je ne m'attendais pas à être autant "embrigadé" par le film. Le dispositif du (faux) plan-séquence qui s'étale sur deux heures est immersif au possible et m'a mis en apnée à plusieurs reprises. Pour ceux qui ne vont pas souvent au cinéma, je pense que 1917 gagne vraiment à être vu sur grand écran ; c'est du grand spectacle, furieux et magistral ! L'histoire, inspirée des récits du grand-père du réalisateur, raconte la mission périlleuse de deux soldats anglais qui consiste à passer en territoire ennemi afin de livrer un message vital qui sauvera la vie de milliers d'hommes. Le dispositif de Mendes s'articule autour de ce scénario et s'engage à plonger le spectateur dans l'action en ne lâchant jamais les deux protagonistes de vue : George MacKay et Dean-Charles Chapman font d'ailleurs preuve d'une endurance et d'une candeur remarquables. On est très près de leurs corps, avec une musique prégnante et intense, avec des mouvements de caméra absolument dingues, une multitude de décors racontant chacun une page de ce périple mais aussi un nombre incalculable de figurants et d'effets... Bref, une apothéose de cinéma qui transcende et secoue ! On a là une belle prouesse technique et cinématographique qui nous en met plein les yeux et nous donne l'impression d'être sur une montagne-russe... Je suis sorti de la salle éprouvé, comme si j'avais moi aussi parcouru cette longue distance avec les personnages. Cette expérience sensorielle est rare, surtout lorsque l'aspect technique met en valeur l'histoire et vice-versa. Bien entendu, aborder les tranchées de la Première Guerre mondiale fait écho à d'autres, plus récentes, et en cela, Sam Mendes assure un coup de maitre en évitant toute morale et en privilégiant les émotions fortes pour rendre hommage à ces héros de guerre.