Allongés dans l’herbe, deux jeunes soldats britanniques émergent d’une sieste et se voient assigner une mission qui relève de l’impossible : parcourir des kilomètres dans un paysage ravagé, proche de l’enfer, afin de transmettre un message pour sauver un nombre important de vies humaines qui en cachent une autre, plus chère encore, celle du frère.
De par son caractère dramatique, le conflit a offert au septième art une source inépuisable de matière. Mais là où les films de guerre mettent en lumière les plans de batailles pour en faire resurgir un spectacle, la caméra de Sam Mendes s’attarde elle sur l’homme. Elle se resserre sur les deux héros et rompt les barrières présentes entre le spectateur et le comédien. Nous nous muons ainsi en troisième protagoniste et partageons l’appréhension de cette course effrénée. Émane également de cette odyssée une barbarie sans pareille accentuée par le plan-séquence continu.
En parlant de réalisme, ne serait-ce pas la seule ombre au tableau ? Empreint d’une véracité indéniable, elle se laisse malheureusement éclipser en cours de route. Omniprésent dans ce long-métrage, le thème de l’héroïsme n’a pas été traité avec assez de sobriété. Ce qui jadis était illustré comme un geste intrépide s’apparente maintenant davantage au paradigme de la figure mythologique. –
Malgré cette faiblesse, le cinéaste confirme avec brio son aptitude à irradier l’écran avec des blockbusters indépendants tous aussi audacieux les uns que les autres.