Deux jeunes soldats, des caporaux, doivent aller transmettre un message sur le front, car les communications étant coupées, afin d'annuler une attaque qui serait fatale à 1600 d'entre eux.
Parler du film revient à parler de sa prouesse technique, qui est de raconter l'intégralité de l'histoire à travers deux plans-séquences. Alors, dans les faits, c'est faux, il y en a plus, on peut les percevoir notamment durant les passages dans les dos, ou les scènes dans le noir, mais ça n'est pas comme dans La corde d'Hitchcock, où la jonction entre les plans-séquences se voyait. Ici, ça a du être rafistolé grâce aux divers effets spéciaux, mais il faut dire que, loin d'être un gadget, ça procure une immersion tout simplement incroyable, comme si la caméra était un 3eme personnage muet.
De plus, on a l'impression que tout peut se passer, on guette ce qui se passe à l'écran, une balle peut si vite arriver, et les deux acteurs sont vraiment filmés ainsi, même si bien entendu tout est prévu dans le scénario ; en tout cas, l'illusion est criante de vérité.
Contrairement à beaucoup de critiques, j'aime bien le fait que les deux caporaux nous soient quasiment inconnus, tout comme les acteurs ; c'est aussi une preuve d'immersion. D'ailleurs, on en reconnait quelques-uns, comme Colin Firth, Benedict Cumberbatch et Mark Strong, mais ils restent au fond suffisamment discrets.
Porté par la très bonne musique de Thomas Newman, 1917 n'est sans doute pas à comparer au Soldat Ryan ; ici, l'histoire est originale (bien qu'inspirée de divers souvenirs du grand-père de Sam Mendes, qui avait fait cette guerre), le soldat allemand est quasiment jamais représenté que par des ombres fugaces, c'est comme si toute la guerre se jouait sur ce message à apporter.
Ça ne lésine pas sur le sang, ni les détails sordides (comme les cadavres flottant dans les trous formés par les obus), mais j'ai beaucoup aimé ce film qui dépasse, à mes yeux, le simple exploit technique, pour devenir quelque chose de fort, de fou, d'unique.