Époustouflant. Une prouesse technique alliée à une intrigue digne d'un cauchemar éveillé. Cette épopée de l'horreur est tournée en quelques plans-séquences et l'impression de réalisme est incroyable : on se croit dans la boue, on court comme des dingues aux côtés de George MacKay (qui peut maintenant s'inscrire à un marathon), on sursaute à chaque balle ou explosion, on s'émeut face à la beauté pure d'un bébé... Car il y a une large palette d'émotions dans 1917, qui va de l'angoisse soutenue dans un silence pesant à une tendresse pour des éléments dont on redécouvre l'émerveillement (un cerisier en fleurs, une barrière des langues franchie par l'amitié et l'entraide, les lumières qui ravivent des ruines...). L'acteur principal a un capital sympathie très fort et on souffre avec lui dans cette folie inhumaine qu'est la guerre, la musique est très stressante et les silences font craindre le pire à chaque seconde, on serre les dents jusqu'au final, incroyable en tout point avec l'hallucinante course à découvert sur la ligne de front. Les acteurs secondaires, et surtout l'acolyte de MacKay, sont tous très justes pour représenter les mentalités désabusées des soldats. Évidemment, il ne s'agit pas d'un documentaire, donc cela reste romancé par moments, et il y a quelques faux raccords visibles (coiffure, bandages, les photos en cartons qui devraient être mouillées...) mais la qualité du film nous fait passer amplement sur ces détails sans aucune gêne. La conclusion en écho avec la toute première image termine de nous donner cette impression de chef-d'œuvre très intelligent et inspiré. Bluffant.