J'ai revu ce film que je n'avais dû voir que 2 fois, et après mûre réflexion, on peut dire que Spielberg a tenté un truc fumant mais qu'il a raté son coup pour diverses raisons. J'ai lu un article sur le film où il déclarait : Je voulais réaliser une comédie et un film de guerre, mais je me suis entêté et je ne savais pas où j'allais. A tel point que des acteurs ont refusé d'y participer ; ce même article stipule que Spielberg a offert le rôle du général Stillwell à John Wayne puis à Charlton Heston, mais tous deux ont trouvé le scénario antipatriotique, c'est finalement Robert Stack qui héritera du rôle.
1941 est une gigantesque farce complètement délirante, une vision burlesque de la société américaine et des militaires en temps de guerre, bourrée de références et de clins d'oeil, avec des situations comiques et une véritable folie absurde, proche du côté loufoque qu'on trouve dans les films du trio ZAZ, et qui tourne en dérision les films de guerre. Mais ce fut aussi l'un des plus gros échecs financiers de Spielberg qui a reçu des critiques négatives et qui ne fut pas perçu comme un succès à sa sortie aux USA, ce qui était étonnant après les 2 gros cartons spielbergiens que furent les Dents de la mer en 1975, et Rencontres du 3ème type en 1977. Dans un pays comme les Etats-Unis où le patriotisme est une vertu et une fierté, il n'était sans doute pas bon de se moquer ainsi de l'armée américaine ; pourtant, d'autres films de guerre, des vrais, sérieux, ont abordé la guerre sous un angle humoristique, notamment Qu'as-tu fait à la guerre papa, de Blake Edwards en 1970, ou De l'or pour les braves de Brian G. Hutton en 1970, ce dernier étant même antimilitariste.
En tant que Français, ces notions nous dérangent peu, mais il y a un autre aspect qui me plait à moitié, c'est que le film est complètement bordélique, brouillon, sans structure, très foutraque, se limitant à une succession de gags potaches et de situations indescriptibles, avec un scénario approximatif qui tourne vaguement autour d'un sous-marin japonais obsédé par l'idée de détruire Hollywood. Malgré ça, en surmontant ce handicap, on peut voir ce film pour sa folie et ses clins d'oeil, et ça commence dès la séquence d'ouverture où Spielberg se parodie avec la nageuse des Dents de la mer (Susan Backlinie) qui prend un bain de minuit et qui sur les mêmes notes du thème repris par John Wiliams, se retrouve non pas attaquée par un requin mais accrochée au périscope du sous-marin : en la voyant à poil, les Japonais comprennent qu'ils sont proches de Hollywood.
Spielberg a aussi rassemblé une troupe d'acteurs hétéroclites, un mélange d'anciens (Stack, Slim Pickens, Lionel Stander, Elisha Cook) et de nouvelle génération qui pointait son nez (Aykroyd, Belushi, Treat Williams, Nancy Allen, John Candy...) plus Ned Beatty, Christopher Lee, Toshiro Mifune, Lorraine Gary et Murray Hamilton (2 des acteurs des Dents de la mer), et même le réalisateur Sam Fuller dans un rôle de vieux général... Le film aura toutefois une reconnaissance tardive, et si l'on veut nuancer, il n'est pas l'échec le plus retentissant de Spielberg puisqu'il vient après Empire du soleil et son remake de West Side Story. La différence, c'est qu'en 1979, son image en prenait un coup après les 2 blockbusters déja cités, et que 1941 aurait pu gravement menacer sa carrière, mais heureusement, il saura rebondir en cassant la baraque en 1981 avec les Aventuriers de l'arche perdue.