Le carnaval de Spielberg

1941 est à mon sens un film sous estimé;
Certes, sa structure narrative est, à l'image de son contenu, un joyeux bazar multipliant les axes dispensables et souvent assez gratuits (celui concernant la fétichiste des avions ou même tout ce qui tourne autour du personnage de John Belushi, caricature finalement assez creuse). De même, on peut reprocher aux personnages de n'avoir aucune psychologie, dans la mesure où ils ne sont que des archétypes, et même des fonctions mis au service du propos global.
Mais c'est aussi un film d'une grande lucidité, une satire vibrante qui cristallise le complexe sécuritaire des américains et leur terreur face à cet ennemi qui n'atteindra jamais leur territoire. La réalisation est virtuose (la séquence de la fête de l'USO est jouissive), et l'omniprésence des thèmes de fanfare, des "joyeuses bagarres" et des quiproquos burlesques tendent à donner un ton carnavalesque au film qui se termine littéralement par une explosion de couleurs et de sons dans un parc d'attractions. Le running gag des japonais dans leur recherche d'Hollywood, sans parler de la séquence des ninjas sapins, c'est à mourir de rire. Il y a dans la composition et la scénographie de nombreux plans un vrai sens du détail comique.

Un film non exempt de défauts, mais qui a le mérite d'aborder des problématiques sociétales importantes avec un humour qui, malheureusement un peu trop potache par moment, possède une vertu révélatrice.