Longue est la liste des qualités et des interrogations qui en découlent… Kubrick nous livre ici un conte aux mille visages, une épopée humaine dans un espace combinant à la fois la démesure de ses ambitions et la vacuité des réponses que l’homme semble dénicher.
L’expérience du vide, de l’incertain est commune aussi bien pour Bowman que pour les spectateurs, mais également pour le réalisateur. Le film n’a la prétention d’apporter à tous une vérité universelle, de lui dévoiler un chemin de pensée, mais au contraire, de lui ouvrir le multiple des possibles, il le laisse s’égarer dans ses propres considérations, sa propre lecture, sa propre épopée. Il lui offre une expérience empirique, et ainsi le terme même de cinéma n’aura jamais été autant en accord avec son sens premier.
La musique se veut grandiose, tonitruante, accompagnant l’Homme lors de ses éclats, aussi bien dans son appropriation de l’outil (donc de sa nature) que dans les exploits de la science. Mais elle sait se faire silence dans les moments d’incertitude, faisant confronter l’Homme à une immensité, l’Espace, dont il n’a pas encore percé tous les secrets, et qui en un certain sens, l’effraie, le déstabilise. Ce même Espace est sujet à variations, explosions de lumières et de couleurs contrastés, comme d’un noir abyssal dont se détachent les étoiles.
La dernière partie du film constitue le point d’orgue de ce chef d’œuvre, elle est à la fois synesthésie et ébullition intellectuelle. C’est là l’exploit de Kubrick, que de mobiliser pendant l’intégralité de 2001 l’individu, aussi bien son ressenti personnel face à l’oeuvre que dans son rapport à sa propre espèce et à son univers, finalement réduit à rien. Il reste tant à découvrir.