Junpei. Un nom, une photo que l’on honore, mais surtout une présence qui prend toute sa consistance dans les dialogues, dans les évocations que l’on en fait, et surtout dans le souvenir implacable de sa mort, il y a 15 ans. Le temps s’écoulant pourtant ne cesse de raviver la mémoire des membres de la famille.
Kore-eda nous fait prendre part à une journée de commémoration, où l’on découvre, par le biais d’une caméra présente mais néanmoins respectueuse dans son approche, les relations nouées, les non-dits, la place centrale que semblait occuper le frère. On ne joue ni sur un pathos démesuré, ni sur l’indiscrétion. Bien qu’intime, nous observons, sans émettre de jugements. Chaque personnage se dévoile selon une facette précise, apportant une complexité réaliste à la cellule familiale, qui ne cessera jamais d’inspirer le cinéma.
Je m’attarderai ici sur deux plans, à la fois efficace sur l’impact provoqué, mais qui sont pour moi les piliers de la réflexion de l’œuvre. Le premier est celui de la photo de la famille, où l’on peut voir cette dernière dans un reflet, occupant la moitié du cadre. L’autre se focalise sur la photo de Junpei. Laissé en suspens quelques secondes, il permet de rendre compte d’une volonté de faire subsister ce douloureux souvenir dans un présent. Il cloisonne une possible avancée de la famille, qui ne semblerait jamais accepter ce tragique évènement. L’autre plan, est celui qui précède la mort des parents, imagée, facilement compréhensible pour le spectateur. La voix off évoque des promesses qui ne sont plus, des potentiels instants que l’on voulait voir se réaliser. Ce fondu au noir marque à la fois une transition qui semble, cette fois-ci, accorder au passé et au présent une place distincte.